Les Vacances de M. Hulot par Jacques Kermabon

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Un petit ouvrage synthétique idéal pour une introduction au cinéma de Jacques Tati, et dont l’annexe, fruit d’un travail de passionné, illustre la perfection selon Tati.

Outre l’actualité de l’exposition Tati à la Cinémathèque française, une donnée non négligeable a motivé la réédition du livre de Jacques Kermabon, consacré aux Vacances de M. Hulot, deuxième long métrage du réalisateur : une copie de la première version de 1953, conservée à la Cinémathèque de Belgique et « que les vicissitudes et les aléas de la conservation avaient soustraite aux regards » a été récemment découverte (la version communément vue date elle de 1978), offrant des variations non négligeables.

Jacques Kermabon donne d’abord quelques clés pour une lecture agréable des Vacances de M. Hulot, ainsi que des autres films de Tati, sans se répandre en concepts. Il s’agit là d’une approche davantage sensible de l’univers du cinéaste. L’auteur pose les bases des Vacances de M. Hulot d’un point de vue formel, par les nombreuses illustrations qui jalonnent le livre. Il met judicieusement en parallèle des plans redondants, comme autant de marques de fabrique du cinéma de Tati (scènes d’observation à distance, personnages tronqués ou hybrides), et focalisant sur des détails souvent passés inaperçus. Mais, Jacques Kermabon rappelle bien que Les Vacances de M. Hulot est surtout le film qui donne naissance au personnage de Hulot (succédant à François le facteur), à une silhouette, une identité comique et une posture sans pareil.

Cette réédition se voit aussi augmentée d’une troisième partie sous forme d’étude comparative des deux versions du film, de la première version du scénario et du scénario original, ainsi que du roman éponyme de Jean-Claude Carrière. Au-delà de l’anecdote bien connue du rajout en 1978 de la scène de panique déclenchée par l’apparition de l’embarcation d’Hulot assimilée à un requin, après que Tati avait vu Les Dents de la mer de Steven Spielberg, l’étude comparative de Jacques Kermabon affirme plus que jamais l’être perfectionniste qu’était Jacques Tati, retouchant l’accessoire, le détail qui rendra la scène parfaite ; et l’être obsessionnel qui, sûr de l’efficacité d’un gag, ne pouvait l’abandonner tout à fait et trouvait toujours l’opportunité de le replacer dans les projets suivants, même trente ans après.


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