Tout commence par une joie. Vince Vaughn et Owen Wilson reforment leur duo d’équilibriste (le bourrin-beauf et le candide) apprécié dans la charmante comédie irrévérencieuse Serial noceurs (David Dobkin, 2005). De vieux beaux à vieux stagiaires, ils interprètent deux commerciaux dont la réussite est annihilée par la banqueroute de leur employeur. Nouveaux chômeurs et donc nouveaux stagiaires dans une petite PME familiale américaine dans le secteur du web : Google. On se met à rêver de vannes caustiques sur l’univers de l’entreprise 2.0 et de situations ubuesques et ridicules sur le stage et le stagiaire, cet individu souvent aussi indispensable qu’inutile. Et pourtant, en tenant un thème très actuel, le film bascule très rapidement dans un feel good movie mièvre certes agréable, mais (très) loin des possibilités de comédie offertes par son matériau. Les nouvelles illusions et désillusions de la jeunesse en pleine crise ou le choc des générations ne sont qu’esquissées à la va-vite et de manière trop simpliste.
Aucun piquant, aucune subversion. Et pour cause, le principal atout du film devient son premier ennemi. Les producteurs ont su convaincre Google d’accepter d’apparaître dans le film en situant quasiment l’intégralité du film en ses locaux. Dès lors, comment critiquer lorsque l’on est gracieusement invité ? Car si la visibilité immédiate de la marque offre une réelle authenticité à l’œuvre, elle limite ostensiblement tout propos acerbe la visant. Dans Les Stagiaires, tous les salariés de Google croisés sont gentils, beaux et, bien sûr, très intelligents. Les managers sont durs mais ont le cœur tendre. L’objectif n’est pas de condamner le moteur de recherche mais il y avait là suffisamment de potentiel pour tripoter avec dérision les travers du monde étrange de l’entreprise – ainsi les auteurs réussissent même à rendre sympathique une partie de quidditch (le basket version Harry Potter) en processus de recrutement, sans toutefois jamais délivrer une minuscule proposition comique nous permettant de prendre du recul.
Quand le producteur de La Nuit au musée (Shawn Levy, 2007) ou Crazy Night (Shawn Levy, 2010) rencontre le scénariste de Volt (Chris Williams et Byron Howard, 2009) ou de Mr. Popper et ses pingouins (Mark Waters, 2011), difficile d’espérer autre chose que du sourire en boite. Passant indubitablement à côté de son sujet, Les Stagiaires reste malgré tout une comédie sympathique, ce qui n’est pas forcément une qualité.