Les Goonies (The Goonies – Richard Donner, 1985)

Article écrit par

Un des films cultes dans le genre << bande de copains >>, « Les Goonies » est l´emblème du divertissement familial. Une production au rythme haletant qui a le bon goût d´une madeleine de Proust !

Difficile de chroniquer Les Goonies, la grande époque des productions Amblin’, où le seul nom de Steven Spielberg cautionnait des films aussi délirants que Retour vers le futur (Robert Zemeckis, 1985, 1989 et 1990), Les Gremlins (Joe Dante, 1984 et 1990), Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Robert Zemeckis, 1988)… ! Difficile de le chroniquer car toute personne qui a grandi pendant les années 80 a été bercée par cet Indiana Jones pour enfants aux répliques drôlissimes telles que « J’vais vous cogner si fort, qu’à votre réveil, vos fringues ne seront plus à la mode ! » ou « Cinoque aime Choco »…

Les Goonies, un des films cultes dans le genre « bande de copains », marqueur de la génération 80 des jeunes de province en BMX, est devenu aujourd’hui, un immanquable de la comédie familiale. Il faut dire qu’à la tête des Goonies, il y a ce que le cinéma grand public des années 80 fait de mieux. Steven Spielberg signe l’histoire originale et la production exécutive. Il choisit Richard Donner (Superman, 1978 et 1980, puis la saga Arme Fatale, 1987, 1989 et 1992) comme réalisateur. Mais surtout, il charge le jeune Chris Columbus (celui des deux premiers Harry Potter, 2001 et 2002) d’écrire le scénario. À l’époque, ce jeune scénariste est le spécialiste du divertissement familial, il a notamment déjà signé le scénario des Gremlins. Avec ce film, Amblin Entertainment pose les jalons du film familial qui seront repris par nombre de productions ensuite (dont Super 8 de J. J. Abrams, 2011) : univers fédérateur (celui des pirates), héros à fortes personnalités, un brin looser mais permettant l’identification, sens de l’humour, répliques cultes, touches de romance, le tout saupoudré d’aventure, d’un peu d’horreur et de suspense. Mais, le génie des Goonies est d’avoir trouvé la bonne dose pour chacun de ces éléments, ce qui en fait, encore vingt-cinq ans après, un monstre d’efficacité rythmique.

C’est d’abord le scénario de Columbus qui ne permet aucun temps mort au film. Inventif et rebondissant, il ne sert pas uniquement une chasse au trésor banale, mais il y ajoute une bande de malfrats italiens complètement loufoques, une force de la nature fan inconditionnel de chocolat (comme le personnage de Choco) transformé en Spiderman lors de la scène du bateau (on se demande pourquoi !) … Bref, ça part dans tous les sens ! Grâce à la manière de mettre en images de Donner, on garde néanmoins une cohérence entre le scénario un brin délirant de Columbus et le résultat final. En effet, la mise en scène des Goonies est très empreinte de l’univers de la BD, surtout pendant la partie du film sous terre, et reste bourrée de références aux Gremlins et à Superman, notamment. Mais, ce film est aussi une véritable réussite grâce à l’alchimie quasiment magique qui existe entre la bande de jeunes acteurs qui incarnent les Goonies. Du chef de la bande intrépide et asthmatique (Sean Astin, revu dans Le Seigneur des Anneaux en Sam, Peter Jackson, 2001, 2002 et 2003) , au grassouillet Choco, en passant par l’ingénieux Data et par le dragueur Bagoo… ces jeunes acteurs livrent une performance teintée d’innocence et de naïveté, mais dont le dynamisme et l’ardeur servent le film bien plus qu’on ne l’imagine. Un des secrets du tournage est d’ailleurs la scène où les enfants découvrent le bateau de Willy-le-borgne, on apprend dans le making of que Donner avait pris soin de ne pas leur montrer le navire avant cette scène pour capter dans le regard l’effet de surprise et d’émerveillement. Une réussite !

 
Ce qui marque les esprits aujourd’hui, c’est la liberté de ton qui existe dans Les Goonies, et dans beaucoup des productions Amblin’. La bande de copains est loin d’être modèle. Ils parlent de sexe, font des blagues salaces, sont parfois très cruels entre eux, par exemple lorsque Bagoo demande à Choco de faire le « Bouffi-Bouffon » qui est en fait une espèce de « danse de la dinde » imaginée pour se moquer du gros de la bande. On assiste de temps en temps, sous couvert de l’humour, à des scènes qui aujourd’hui sont politiquement incorrectes : les jeunes se réunissent autour du sexe cassé d’une statut grecque, Bagoo explique à Rosita, la femme de ménage, que se cache au grenier les outils de tortures sexuelles du chef de famille… Le réalisateur n’hésite pas non plus à parsemer son histoire de cadavres et de squelettes pour donner un côté vraiment effrayant à son histoire, ce qui est aujourd’hui beaucoup moins accepté dans les films pour enfants. Le tout, sans jamais tomber dans le trash grâce à la fraîcheur et à la naïveté du jeune casting !

Malgré quelques imperfections dans le montage, dûes à des intrigues secondaires qui ont été coupées (la plus connue étant la référence des enfants à la pieuvre à la fin du film qui se rapporte à une scène coupée au montage, mais que l’on peut voir dans les bonus du DVD), Les Goonies est un film parfaitement réalisé, mis en musique par la célèbre Cyndi Lauper, au rythme haletant… Une vraie madeleine de Proust pour la génération 80’s qui ne manquera pas de plaire non plus aux nouvelles !

Titre original : The Goonies

Réalisateur :

Acteurs : , , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 114 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Niki

Niki

Trois ans après son court-métrage Adami, « L’arche des Canopées », Céline Sallette revient à Cannes et nous confirme qu’elle fait un cinéma de la candeur.