Les Goonies, un des films cultes dans le genre « bande de copains », marqueur de la génération 80 des jeunes de province en BMX, est devenu aujourd’hui, un immanquable de la comédie familiale. Il faut dire qu’à la tête des Goonies, il y a ce que le cinéma grand public des années 80 fait de mieux. Steven Spielberg signe l’histoire originale et la production exécutive. Il choisit Richard Donner (Superman, 1978 et 1980, puis la saga Arme Fatale, 1987, 1989 et 1992) comme réalisateur. Mais surtout, il charge le jeune Chris Columbus (celui des deux premiers Harry Potter, 2001 et 2002) d’écrire le scénario. À l’époque, ce jeune scénariste est le spécialiste du divertissement familial, il a notamment déjà signé le scénario des Gremlins. Avec ce film, Amblin Entertainment pose les jalons du film familial qui seront repris par nombre de productions ensuite (dont Super 8 de J. J. Abrams, 2011) : univers fédérateur (celui des pirates), héros à fortes personnalités, un brin looser mais permettant l’identification, sens de l’humour, répliques cultes, touches de romance, le tout saupoudré d’aventure, d’un peu d’horreur et de suspense. Mais, le génie des Goonies est d’avoir trouvé la bonne dose pour chacun de ces éléments, ce qui en fait, encore vingt-cinq ans après, un monstre d’efficacité rythmique.
C’est d’abord le scénario de Columbus qui ne permet aucun temps mort au film. Inventif et rebondissant, il ne sert pas uniquement une chasse au trésor banale, mais il y ajoute une bande de malfrats italiens complètement loufoques, une force de la nature fan inconditionnel de chocolat (comme le personnage de Choco) transformé en Spiderman lors de la scène du bateau (on se demande pourquoi !) … Bref, ça part dans tous les sens ! Grâce à la manière de mettre en images de Donner, on garde néanmoins une cohérence entre le scénario un brin délirant de Columbus et le résultat final. En effet, la mise en scène des Goonies est très empreinte de l’univers de la BD, surtout pendant la partie du film sous terre, et reste bourrée de références aux Gremlins et à Superman, notamment. Mais, ce film est aussi une véritable réussite grâce à l’alchimie quasiment magique qui existe entre la bande de jeunes acteurs qui incarnent les Goonies. Du chef de la bande intrépide et asthmatique (Sean Astin, revu dans Le Seigneur des Anneaux en Sam, Peter Jackson, 2001, 2002 et 2003) , au grassouillet Choco, en passant par l’ingénieux Data et par le dragueur Bagoo… ces jeunes acteurs livrent une performance teintée d’innocence et de naïveté, mais dont le dynamisme et l’ardeur servent le film bien plus qu’on ne l’imagine. Un des secrets du tournage est d’ailleurs la scène où les enfants découvrent le bateau de Willy-le-borgne, on apprend dans le making of que Donner avait pris soin de ne pas leur montrer le navire avant cette scène pour capter dans le regard l’effet de surprise et d’émerveillement. Une réussite !
Malgré quelques imperfections dans le montage, dûes à des intrigues secondaires qui ont été coupées (la plus connue étant la référence des enfants à la pieuvre à la fin du film qui se rapporte à une scène coupée au montage, mais que l’on peut voir dans les bonus du DVD), Les Goonies est un film parfaitement réalisé, mis en musique par la célèbre Cyndi Lauper, au rythme haletant… Une vraie madeleine de Proust pour la génération 80’s qui ne manquera pas de plaire non plus aux nouvelles !