Le crime de la semaine/ Faux-Monnayeurs. Deux sorties BLU-Ray et DVD chez Elephant Classics Films.

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Deux polars de l’éclectique et sous-estimé Jack Arnold.

Comme le rappellent Edy Moine et Jean-Pierre Dionnet dans les bonus des deux titres; Jack Arnold doit principalement sa célébrité à La créature du lac noir (1954), Tarantula (1955) et surtout à L’homme qui rétrécie (1957). Trois succès dans l’épouvante et le fantastique qui font trop rapidement oublier la  diversité de sa filmographie (Comédie, Western, Drame…). Et lorsqu’on reconnait enfin l’éclectisme du metteur en scène, c’ est uniquement pour souligner sa capacité à répondre aux exigences des studios, tel un « bon petit soldat » de série B à qui on ne demande pas d’afficher une véritable personnalité. Un jugement hâtif, car, si à l’instar d’un Budd Boetticher, l’un des plus prolifiques homme de studio de son époque, Arnold ne saurait boxer dans la même catégorie que les Kubrick, Preminger, Ray…, le qualificatif de « Petit Maitre, loin d’être péjoratif,  lui sied comme un gant quand on revisite consciencieusement son parcours.  Une double illustration nous en est donnée avec Le crime de la semaine et Faux-monnayeurs.

 

 Faux-Monnayeurs, un vrai beau drame policier.

Afin de payer définitivement ses dettes à la société, un ancien repris de justice accepte d’effectuer une mission d’infiltration pour démasquer un réseau de faux-monnayeurs. Comme dans Le crime de la semaine, la concision du temps du récit a pour but d’éviter toute digression susceptible de nuire à l’efficacité de l’enquête. En trois scènes d’une brièveté exemplaire sont convoqués : le passé militaire de l’ancien détenu, sa relation conflictuelle avec son flic de père à l’origine de sa période d’emprisonnement, et pour finir les différents  protagonistes du trafic de fausses-coupures.. Bien évidemment, les évènements vont se précipiter et les forces en présence se percuter à maintes reprises jusqu’au dénouement attendu,  tout cela au rythme d’une mécanique parfaitement huilée. Mais Jack  Arnold ne se contente pas d’emballer l’affaire avec célérité. Une véritable densité s’installe dans les relations humaines, aussi bien dans le rapport père-fils que dans l’inévitable histoire d’amour. Cette humanité transparaît non seulement dans les scènes dédiées à cet effet mais aussi, plus subtilement, dans les plus nombreuses séquences à enjeu policier. L’importance accordée aux dialogues, la capacité à filmer les non-dits, la pudeur des plans rapprochés, la mise en scène d’Arnold réussit à maintenir l’intérêt de l’intrigue tout en minimisant son importance. Dans le rôle du père intransigeant mais aimant, Onslow Stevens fait preuve d’une sensibilité toute en mesure. Grant Williams est loin de se contenter de n’être qu’ une énième « blonde de circonstance ». Quant au personnage principal, incarné par un Ray Danton qui sera se montrer plus inquiétant et meilleur comédien dans La chute d’un caïd (Budd Boetticher,1959), son charme et sa prestance suffisent à susciter l’adhésion.

 

 

Le crime de la semaine : un crime presque parfait.

Coupable tout désigné par sa relation adultérine avec la victime, Don (John Forsythe) est acculé par le vrai meurtrier, Henry (Edward  G. Robinson). Arnold orchestre savamment ce jeu du chat et de la souris aux ressorts Hitchcockiens  –Le Faux coupable, Le crime était presque parfait, La loi du silence. Rehaussé par la présence des deux comédiens, notamment par la noirceur et l’ambiguïté  du grand  Robinson, le scénario  réserve son lot de surprises et de tensions. Très habilement, les deux personnages étant des scénaristes d’émissions policières, un méta-film brouille les pistes -la scène d’ouverture étant particulièrement malicieuse. Cette immersion dans le monde des médias soulève, sans se poser en donneur de leçons, des problématiques liées au poids grandissant du petit écran dans les années cinquante; sa capacité à concurrencer à moindre coût les salles de cinéma, ainsi que les dérives de la course à l’audimat. Avec encore plus d’acuité que dans Faux-Monnayeurs un réalisme aux accents de documentaire  apporte une respiration singulière au récit -Arnold a été assistant de Robert Flaherty, il a également travaillé pour la télévision. Une façon de mettre l’humain au centre de son cinéma de genre. Il n’en faut pas plus pour apprécier la patte d’un auteur dont la modestie et le savoir-faire ne gâchent rien à l’affaire.

 

Les deux DVD/ Blu-Ray sont sorties tout récemment dans la collection Cinema Master Class de chez Elephant Clasics Films.

Titre original : The Glass Web/ Outside the Law

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Durée : 81 mn


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