Un récit d´apprentissage maladroit et rempli de clichés.
Formée à l’Institut des Arts de Diffusion en Belgique, Vania Leturcq a ensuite travaillé comme assistante réalisateur sur divers films avant de tourner ses propres documentaires et courts métrages. Un jeune couple dans La Maison (2011), deux femmes dans Deuilleuses (2007) ou encore deux adolescents dans L’Eté (2009), la réalisatrice choisit à nouveau une histoire en tandem pour L’année prochaine, son premier long métrage sur l’amitié de deux jeunes filles persuadées que tout ce qui est à l’une est à l’autre, et tout ce qui est l’une est l’autre.
L’année prochaine à Paris : plus qu’une prière, un mantra pour Clotilde, dix-huit ans, qui ne rêve que de quitter sa province natale pour conquérir Paris et la Sorbonne où elle étudiera la philosophie. Un rêve en capitale que ne partage pas vraiment Aude, sa meilleure amie, sans grandes ambitions ni plan de carrière qui se moque assez d’être ici ou là. Sans le lui dire, Clotilde va prendre les choses en main et l’inscrire en cachette dans une prépa aux Beaux-Arts, à Paris bien entendu où elles vivront donc en colocation. Mais la vie parisienne n’est pas si simple et les deux filles ne tarderont pas à s’en rendre compte.
Il y a quelques semaines, les abonnés Twitter s’amusait avec le hashtag « comme un film français », une compilation de tous les clichés associés au cinéma hexagonal ; en dépit de sa belgitude, L’année prochaine pourrait très bien être une nouvelle source d’inspiration pour ces twittos moqueurs. L’une est blonde, les cheveux ramenés en chignon, ne parle pas très fort et dit « bonjour » ; l’autre a une tignasse rousse, boit beaucoup sans être malade et dit « yo », pas besoin d’avoir fait dix ans d’analyse filmique pour comprendre qui veut aller à la Sorbonne et qui atterrira en prépa Beaux-Arts. Le reste du film est malheureusement à l’avenant de la caractérisation d’Aude et Clotilde.
Vania Leturcq a voulu faire de Paris un personnage à part entière, une sorte d’antagoniste servant de révélateur aux tensions latentes existant entre les deux amies. Soit, mais encore aurait-il fallu que l’on voie la capitale et ce qu’elle peut avoir de violent quand on débarque frais émoulu de sa province. Pas une seule fois elles ne prennent le métro, pas une seule fois elles ne se perdent et, cerise sur le gâteau, L’année prochaine a attrapé le virus Sous le soleil. A sa mort, la mère de Clotilde l’a laissée propriétaire d’un F1 parisien avec accès privatif au toit, parquet et moulures où l’on retrouvera bien sûr la plante verte décorée d’une guirlande lumineuse et la boîte de Kusmi Tea sur le four. Tout ce qu’il y a de plus normal pour des primo-accédantes provinciales.
Le cliché est au foyer mais il est aussi présent au travail. Au grand jeu des références de haut vol, au soap tropézien vient s’ajouter Le Miracle de l’Amour (pardon). Quand Bénédicte, étudiante aux Beaux-Arts, n’était pas occupée à boire une grenadine à la cafét, elle dessinait des jolies poires au crayon gras dans son salon. Aude c’est un peu pareil, on ne la voit qu’à la fin des cours ou bien en train de gribouiller des paysages qui nous font nous interroger sur les critères de sélection des écoles préparatoires. De son côté, Clotilde a un avis arrêté sur Proust (lequel, on n’est pas bien sûr de l’avoir compris), lit des gros livres mais nous ne saurons jamais véritablement ce qu’elle pense. Expliquer le début d’une incompréhension mutuelle et la fin d’une amitié en éludant son environnement et en n’incarnant jamais rien, est impossible. Nous ne croyons à aucun moment aux liens qui unissent Aude et Clotilde, dès lors nous nous moquons bien de la tragédie qu’elles peuvent traverser. Sans compter le personnage de Clotilde qui tient plus du vase en porcelaine que de la jeune fille passionnée, réveillant chez nous la lubie féline de la pousser du guéridon qu’elle orne pour qu’enfin quelque chose se produise et s’anime.
L’année prochaine tient de la course de haies où le coureur se prendrait toutes les haies. L’étudiante sort avec un prof, une haie ; en boîte on se trifouille les cheveux en riant fort, une haie ; et la dernière haie est percutée de plein fouet grâce à ce dialogue entre deux personnages en train de rompre : « Attends pars pas / Je suis dans la cuisine ».
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