Lanky, l’homme à la carabine (Sortie Blu-ray chez Frenezy Editions).

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Étonnamment et injustement oubliée, la première salve de Tonino Valerii mérite une place d’honneur au cœur du western transalpin.

En étant missionné pour protéger un dépôt d’or de l’état du Texas, Lanky Fellow (Craig Hill) va devoir affronter l’assassin de son frère  : l’heure de la vengeance va pouvoir enfin sonner. Après avoir fait ses armes en tant qu’assistant de Sergio Leone sur Pour une poignée de dollars (1964) et Et pour quelques Dollars de plus (1965), Tonino Valerii passe pour la première fois derrière la caméra dans ce bien nommé titre original Per il gusto di uccidere. Vu le nombre de scènes où son héros jouit du plaisir de décider du sort de différents protagonistes par le biais  de la lunette optique qui accompagne sa carabine, on peut, sans trop s’avancer, y déceler la métaphore de la nouvelle position tant attendue et forte enviable de Valerii en tant que maître du plateau.

Dans le pléthorique corpus du Western spaghetti –  plus élégamment et justement  recalibré en Western Européen – Lanky, l’homme à la carabine, s’impose par sa rigueur. Celle d’un scénario qui avance doucement ses pions sans accumuler à l’envie des péripéties pour tenir en éveil le spectateur avide de spectacle. Parcimonieusement distillées les scènes d’action et d’affrontements tirent leur efficacité de leur brièveté et de leur sécheresse – à l’instar du duel final.  Laissant une place importante à une tension latente,  à laquelle contribue grandement une partition musicale sobre pour le genre, stridente et atonale à plusieurs occasions. Autre singularité, comme dans le western classique hollywoodien, la photographie joue la carte de l’élégance et de la douceur quand elle convoque le  lyrisme pour nourrir l’aura de son héros. Certains  penseront ici à Alan Ladd dans L’homme des Vallées perdues (George Stevens, 1953) pour  le plan large qui présente un Lanky face à l’immensité des paysages comme une simple silhouette peu distinguable dans la lumière évanescente.

Pour dessiner un Lanky Fellow mystérieux et droit comme un i,  ce chasseur de primes, Tonino Valerii s’est surement inspiré du célèbre justicier du petit écran, Josh Randall, qui a permis à Steve Mc Queen de mettre le pied à l’étrier grâce à la série Au nom de la loi : une démarche souple et assurée, la fusion avec son inséparable et  singulière pétoire. Teint halé et apparence marmoréenne de circonstance pour incarner les justiciers de l’ouest made in Italie, Craig Hill brille néanmoins par sa relative discrétion.  On est loin de l’outrance dont fera preuve son quasi-homonyme au physique d’ailleurs assez similaire  Terrence Hill  dans le plus grand succès de Tonino Valerii : Mon nom est personne (1973). Les seconds rôles prennent par conséquence plus de lumière. Une courte et truculente apparition de Fernando Sancho, dans son rôle habituel de bandit mexicain – cf Un pistolet pour Ringo -, Piero Lulli moins cynique qu’à l’accoutumée, George Martin apporte une salutaire dose d’ambiguïté dans le rôle de l’ennemi juré de Lanky.

 

Après Lanky,  Tonino Valerii va enchaîner avec le non moins réussi Dernier jour de la colère, puis un singulier et très intéressant Texasivra , où s’immisce un parallèle politique avec l’assassinat de Kennedy. Premiers jalons d’une courte mais mémorable incursion dans le western européen de ce très habille metteur en scène.

 

Lanky, l’homme à la carabine, Sortie Blu-ray chez Frenezy Editions, ce mois de juin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Titre original : Per il gusto di uccidere

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Durée : 88 mn


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