La Montagne sacrée d’Alejandro Jodorowsky

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La désormais célèbre collection de livres sur le cinéma, Les meilleurs films de notre vie chez l’éditeur italien Gremese, vient juste de s’enrichir d’un nouveau titre, La Montagne sacrée d’Alejandro Jodorowsky. En effet, cette collection présente en une bonne centaine de pages un film du répertoire mondial et, cette fois, c’est Patrice Lajus qui revient […]

La désormais célèbre collection de livres sur le cinéma, Les meilleurs films de notre vie chez l’éditeur italien Gremese, vient juste de s’enrichir d’un nouveau titre, La Montagne sacrée d’Alejandro Jodorowsky. En effet, cette collection présente en une bonne centaine de pages un film du répertoire mondial et, cette fois, c’est Patrice Lajus qui revient sur ce film étrange que d’aucuns considèrent comme le grand oeuvre de Jodo (pour les intimes). Comme Jean Cocteau, comme Pier Paolo Pasolini, et même comme Federico Fellini (puisque l’auteur lui-même tente la comparaison), son cinéma est poétique et complètement onirique. On le sait, parce qu’il ne s’en cache pas, Jodorowsky, en plus d’être scénariste, cinéaste et poète, est aussi cartomancien et croit beaucoup à l’occultisme, aux astres et au mystère qui fait tout le sel de la vie. Et La Montagne sacrée ne fait pas exception et occupe une « position centrale dans sa cosmogonie filmée en tant que matrice d’un monde imaginaire incomparable ». Patrice Lajus, déjà coauteur d’un bon nombre d’ouvrages notamment sur Federico Fellini, le maître auquel il a consacré un livre il y a tout juste trente ans et que Fellini avait pu consulter avant de disparaître, Federico Fellini ou la vision partagée, analyse parfaitement ce film étrange et mystérieux, en un mot initiatique puisqu’il raconte l’itinéraire, non pas d’un enfant gâté, mais jeune voleur qui, dans un pays dominé par une dictature, va errer dans des paysages arides pour enfin rencontrer un maître alchimiste et sept sages qui lui indiqueront le chemin de l’immortalité. Comme tous les autres titres de la collection, ce petit livre est richement illustré de photogrammes du film, d’affiches et d’encadrés évocateurs qui pourront rafraîchir la mémoire de ceux qui ont vu le film à sa sortie en 1973 (tout juste cinquante ans !!) et donner envie à ceux qui sont fascinés par le cinéma de découvrir une pépite. Composé de six parties, le livre propose en premier lieu une carte d’identité du réalisateur et de son film. Puis l’introduction et le prologue entrent presque avec délectation sur la manière dont l’auteur a découvert ce film et pourquoi il a choisi maintenant de l’analyser. Puis il entre dans le vif du sujet en proposant une analyse détaillée et fort précise du film séquence par séquence, d’où l’utilité des photogrammes du film. Et enfin, l’ouvrage se termine sur une revue de presse des critiques de l’époque, d’une bibliographie et d’un ensemble de regards croisés sur Jodo, avec notamment cette pertinente réflexion de Nicolas Winding Refn : « La leçon la plus précieuse que j’ai apprise de Jodorowsky, c’est qu’au cinéma, une image parle autant qu’une centaine de mots, mais qu’aucun mot ne parle autant qu’une centaine d’images. »

Patrice Lajus. La Montagne sacrée d’Alejandro Jodorowsky. Gremese, coll. Les Meilleurs films de notre vie, Rome. 100 pages, 21 euros. 

 

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