Une histoire crédible
Très bien réalisé, avec une progression dans l’histoire, un attachement à chaque personnage, La Crème de la crème s’avère être un doux reflet de ce qui pourrait exister en école de commerce. Pourquoi des étudiants, formés à la macro, à la micro, ne pourraient pas devenir des macs ? Kelly, la fille de l’histoire, a les traits d’une enfant, le sourire angélique et elle aime se faire passer pour une lesbienne afin de mieux légitimer ses actions au sein du campus. Véritable pillier de ce trio, c’est elle qui arrive à maintenir Dan et Louis en pression constante, jamais rassasiée de faire son petit commerce, de l’argent et d’avoir un pouvoir dans l’école. Jouée par l’excellente jeune actrice Alice Isaaz, accompagnée à l’écran par Jean-Baptiste Lafarge et Thomas Blumenthal, elle est radieuse, machiavélique, sournoise, intéressante.

Alors oui, après la rage, la violence, Kim Chapiron parle du sexe et de l’argent. Des thématiques qui s’éloignent de son intention, de provoquer, d’impulser par le cinéma des émotions, bonnes ou mauvaises. La Crème de la crème est un bon film, mais un peu gentil. C’est facile de taper sur le dos des écoles de commerce, de s’en servir comme cadre. C’est facile aussi de donner à une jeune fille le rôle le plus pervers, le plus détestable. Et Kim Chapiron nous a habitués à plus difficile, ses deux précédents films en sont la preuve. C’est lui qui donne directement l’envie de ce film, plus à prendre d’un point de vue de l’amour et de l’errance que du sexe et de l’argent finalement : « Tout ça n’est qu’une manière d’aborder la difficulté de l’amour pour cette génération. Quant à mes héros, qu’ils fassent partie de l’élite ne les met pas à l’abri d’une certaine forme d’errance ». Kim Chapiron, porte-parole d’une jeunesse de l’oubli ? De l’abus ? Il excelle en tout cas pour parler de ce qu’il est avant d’être réalisateur, un jeune homme.
