La Belle et la belle

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<< Je est un autre >>, en effet et Margaux en fait l´expérience chaque jour dans cette comédie brin-guebalante.

Un travail avec les actrices

Sophie Fillières nous a habitués à des films souvent farfelus. Avec son dernier, nous sommes servis en effet. Proposant un titre évoquant de façon appuyée l’univers du conte, la réalisatrice a offert à Sandrine Kiberlain un autre rôle suite à leur collaboration dans son premier court métrage, Des filles et des chiens (1992) où l’actrice star partageait l’affiche avec Hélène Fillières, la soeur de Sophie Fillières. Cette dernière est habituée à travailler en étroite collaboration avec ses actrices, ainsi ce fut le cas pour Aïe (2000) avec sa soeur Sophie, et puis pour Gentille (2005) avec Emmanuelle Devos. Ici, elle réunit un trio prestigieux avec, en plus de Sandrine Kiberlain toujours aussi épatante, sa propre fille Agathe Bonitzer, et Melvil Poupaud. Le film s’installe comme une comédie américaine sur le thème du double, reprenant selon les dires mêmes de la réalisatrice dans le dossier de presse, le célèbre adage de Platon sur « le même et l’autre ». Margaux rencontre par hasard Margaux qui res-semble à ce qu’elle était quelque vingt ans plus tôt.
 


L’épuisement du double

Cela donne à Sophie Fillières l’opportunité de situations cocasses qui deviennent vite un peu las-santes lorsque la première Margaux retrouve Marc par hasard dans un TGV, avec qui elle reprend nolens volens une relation qu’elle partage en fait avec son double accompagnée de tout le cortège de jalousies et de quiproquos que cela oblige. Le film bascule en fait dans ce même TGV au moment où le ressort comique s’épuise un peu lorsque les trois acteurs se retrouvent isolément, chacun leur tour, devant Aurélie Dupont dans le bar du train et qu’ils lui demandent un autographe pour Margaux. Combien y a-t-il de Margaux dans cette histoire, semble se demander la danseuse étoile qui joue ici son propre rôle. C’est aussi la question que peut se poser le spectateur s’il n’est pas un peu lassé de toujours s’interroger sur la temporalité du film qui ne cesse de jouer sur les deux âges supposés de Margaux qui est elle-même mais aussi une autre. La mécanique serait bien huilée si l’on n’avait pas beaucoup de mal à identifier Marc qui reste identique à lui-même dans ses deux facettes, même si Melvil Poupaud ne fait pas son âge !
 

Comédie fantastique

Avant de voir ce film, il faut se préparer à découvrir une sorte de récit fantastique puisque qu’il semble n’y avoir qu’une seule et même Margaux, exercice pour le moins périlleux au cinéma car on a souvent du mal à se détacher de l’acteur et de son personnage. Voilà pourquoi les réalisateurs utili-sent souvent des procédés pour faire comprendre la temporalité. Ici ce n’est pas le cas et Sophie Fillières a du mal à nous faire entrer de plain-pied dans sa rêverie même si on rit souvent et si les acteurs font leur possible pour faire vivre ce conte qui joue sur le miroir, le double et la fiction. « Après la première rencontre entre les deux Margaux devant le miroir de la salle de bain, déclare Sophie Fillières dans le dossier de presse, Margaux-Agathe répond à une question posée par sa meilleure amie, elle lui dit : oui, je m’imagine des choses vraies. C’est ce que j’ai essayé de faire avec ce film : m’imaginer des choses vraies, atteindre une vérité à partir d’un impossible total, et rendre possible l’impossible. C’est impossible, mais c’est vrai ! »

Titre original : La Belle et la Belle

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Durée : 95 mn


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