King Guillaume

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Dommage… On aime Pef, on aime son univers poétique et naïf, on a envie d´aimer « King Guillaume »… Mais il manque ici ce petit quelque chose qui rend un film magique.

Magali (Florence Foresti) et Guillaume (Pierre-François Martin-Laval), mènent une petite vie tranquille en banlieue. Deux nouvelles viennent bouleverser leur train-train quotidien : Magali est enceinte et Guillaume hérite – de son père qu’il n’avait jamais connu – d’un royaume. De cette dernière révélation naissent des espoirs, Magali rêve de grandeur et de fortune ! Le fait est que le Royaume en question – l’ île de Guerreland –  s’avère  n’être qu’un «caillou» au  milieu de nulle part et compte, pour seuls sujets, cinq habitants assez uniques dans leur genre.

Le drapeau de l’Ile de Guerreland ? Tricolore : blanc, blanc et blanc. Un moyen de communication avec le continent ? Bien entendu !… Une cabine téléphonique au beau milieu de la plage et accessible, de fait, seulement à marée basse…
L’univers est original, singulier, touchant… mais bancal. Quelques gags sont bien trouvés mais se retrouvent un peu perdus, clairsemés au milieu d’un scénario en définitive assez creux. 
Que dire des comédiens ? Qu’on ne se lasse pas de  les voir à l’écran ? Aucun doute là-dessus, le casting est de choix. Peut être le film aurait-il gagné à donner plus de place à l’écran aux habitants – si décalés – de l’île. Ils sont présents, sans vraiment l’être ce qui, là encore, contribue à rendre le film bancal. Seul Pierre Richard – égal à lui-même, toujours parfait dans ses rôles de doux illuminés – est davantage visible.  Florence Foresti est… Florence Foresti, toujours drôle et charmante avec ses mimiques, attitudes… Et puisqu’il est question de comédiens, notons (tout de même !) la présence de Terry Jones, absurde (dans tout ce que le mot contient de positif) professeur, qui vient ouvrir et fermer le film.

King Guillaume est un conte contemporain. Gags, poésie s’y entremêlent mais sans parvenir à créer un tout homogène et savoureux. Pef croit (trop ?) à l’amour. Certains diront que ce côté  s’approche de la niaiserie, du ridicule mais c’est aussi pour ce côté naïf que l’on aime Pef. On ne peut pas lui en vouloir parce que… c’est lui tout simplement. Pef est ce grand enfant qui s’assume. Adepte de l’absurde, de la poésie, du rêve, il a envie de croire et, quelque part, c’est rassurant car il croit un peu pour nous aussi.

Définitivement, Pef a un univers. Doux rêveur, éternel amoureux, naïf volontaire, il construit progressivement son petit monde. Le tout est fragile, comme nous le prouve ce deuxième long-métrage, reste à injecter un peu de solidité dans cet univers emprunt de légèreté.
Quelques jours après la projection, la déception première laisse place au souvenir des bons passages du film : c’est insuffisant mais réconfortant.

Trois ans après Essaye-Moi, King Guillaume ne répond pas aux attentes qu’avait suscitées ce premier film. Tout en étant déçu, on ne revoit pas celles-ci à la baisse : on a vu de la magie, on attend seulement (peut-être pour le troisième ?) que celle-ci soit totale.


Titre original : King Guillaume

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Durée : 85 mn


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