Howard Hawks

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Célébrons le plus moderne des maîtres du Hollywood classique.

Howard Hawks constitue aujourd’hui un des totems, des maîtres absolus auxquels on associe la perfection de l’âge d’or hollywoodien aux côtés de John Ford, Ernst Lubitsch ou encore Vincente Minnelli. Mais si ces derniers sont associables à des genres bien définis, Howard Hawks se sera avéré insaisissable tout au long de sa carrière. Western, polar, screwball comedy, comédie musicale, péplum, aventure, science-fiction, Hawks, selon les registres, semble naviguer entre le masculin et le féminin. Les œuvres purement masculines illustrent une virilité qui peut se perdre dans l’odyssée criminelle (Scarface, 1932), la mégalomanie (La Terre des pharaons, 1955) ou l’affrontement père/fils (La Rivière rouge, 1948). À l’inverse, la féminité seule affirme une frivolité délicieuse et superficielle dans Les Hommes préfèrent les blondes (1953). L’accomplissement et la révélation ne peuvent se révéler que dans la confrontation du féminin et du masculin. Le charme féminin se pare d’esprit pour révéler la vulnérabilité et la maladresse du masculin. C’est John Wayne, soudainement empoté face au sourire d’Angie Dickinson dans Rio Bravo (1959), Cary Grant dépassé par le débit infernal de Katharine Hepburn dans L’Impossible Monsieur Bébé (1938), ce même Cary Grant malmené par l’assurance de sa compagne dans Allez coucher ailleurs (1949), s’adoucissant devant la sensibilité de Jean Arthur dans Seuls les anges ont des ailes (1939). Hawks parvient avec une inventivité constante à relancer cette opposition, mêlant le conte à la screwball comedy dans le génial Boule de feu (1941), amenant une tonalité surprenante au film fantastique La Chose d’un autre monde (1951) et inventant le débit survolté de la sitcom dans La Dame du vendredi (1940)

Bonne lecture avant un prochain Con du cinéphile consacré à l’art du huis clos au cinéma.

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