On jette – presque – tout et on recommence. Exit les sept suites du slasher culte de John Carpenter, au revoir (et bon débarras) les remakes bourrins de Rob Zombie, David Gordon Green fait comme si rien ne s’était passé depuis cette nuit du 31 octobre 1978 à Haddonfield. Et si l’on en croit le générique d’ouverture, le but du réalisateur serait bel et bien de ressusciter une saga foulée aux pieds. Après sa disparition à la fin du premier opus, Michael Myers a finalement été arrêté puisque nous le retrouvons quarante ans plus tard interné dans un institut psychiatrique. Toujours mutique, toujours indéchiffrable, l’homme continue d’être un objet d’études, cette fois pour un disciple du docteur Loomis. Pendant ce temps, à Haddonfield, Laurie Strode a plongé en plein délire survivaliste – armes et caméras de surveillance à domicile incluses – persuadée que Myers finira par revenir la chercher. Ce qui se produira, évidemment.
Fan boy
Cet Halloween coche toutes les cases du pur fan service ; surtout ne pas froisser les amateurs de Carpenter quitte à leur resservir exactement la même histoire en reprenant quasiment pas à pas les mêmes étapes scénaristiques. Un transfert nocturne de psychopathes, un car jacking, du baby-sitting qui tourne mal, un spectre immobile et on en passe…rien n’a été oublié. Ce n’est plus de la fidélité, c’est du fétichisme. La seule originalité concédée par le scénario réside dans une tentative d’inversion des rôles entre la proie et le prédateur, car si Laurie et Michael n’ont plus aucun lien de parenté, ils ne se sont pourtant jamais autant ressemblés. Mais cette tentative, pour amusante et même ludique qu’elle puisse être, dénature parfois l’intention du premier Halloween. Il y a quarante ans, Laurie apercevait Michael par la fenêtre du lycée alors qu’un professeur dissertait sur la figure du destin. Aujourd’hui c’est la petite fille de Laurie qui aperçoit sa grand-mère dans les mêmes circonstances, à peu près plan par plan. Il y a quarante ans cette séquence posait Myers comme un être implacable, l’incarnation de ce destin inéluctable mentionné dans le dialogue ; aujourd’hui c’est un clin d’œil au spectateur, un simple jeu de références censé réjouir celui qui l’aurait relevé.
Un slasher parmi d’autres…
The Shape est le Mal absolu selon les dires du docteur Loomis, et Halloween prenait le temps de l’iconiser. Au rythme de ses apparitions et de ses disparitions, de son inexorabilité mais aussi bien sûr de son invulnérabilité, Myers devenait quelque chose de plus qu’un serial killer : il était le boogeyman (ou croque-mitaine). Ce qu’il n’est désormais plus. La caméra s’approche dangereusement à plusieurs reprises de son visage, comme si voir à quoi ressemble le monstre était important, Le masque n’est pas là pour cacher puisque nous savons qui est le tueur depuis le premier Halloween, et la révélation était assez dérangeante pour que cet enfant en costume de clown soit Myers, une fois pour toutes. Mais David Gordon Green a décidé de pousser les curseurs sur le « toujours plus » et Myers d’enchaîner les meurtres, encore plus violents et encore plus nombreux (on ne parlera pas du parcours de son docteur…), sans que jamais le suspense ou la peur ne s’installent ne serait-ce que deux secondes. Même la partie de 1, 2, 3 soleil dans un jardin ou celle de cache-cache final ne suffisent pas à susciter de la tension si bien que l’on finit par s’ennuyer fermement.
Ce nouvel Halloween, à la fois suite et remake, respecte le premier jusqu’à chercher à le reproduire tout en laissant pourtant de côté ses meilleures idées. Une nouvelle suite dont on aurait pu s’abstenir et qui marque à n’en pas douter le début d’une nouvelle chronologie.