Fleur secrète (Snakes and Flowers – 1974)

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Bel échantillon d’une série de films « bondage » (S.-M.) ayant fait florès dans les années 70, essentiellement produits par la Nikkatsu, avec pour star la belle Naomi Tani, Fleur secrète laisse émaner un bien doux parfum de folie.

Bien qu’officiellement « érotique », Fleur secrète (tourné en 1974), trouve son intérêt dans son aptitude à préserver de bout en bout un ton joyeusement excessif, un caractère bouffon ne manquant pas de déconcerter. Adaptation d’un roman à succès d’Oniroku Dan, maître de la littérature « S.-M. », le film de Masaru Konuma trouve dans la question de la déviance sexuelle l’opportunité d’une expérimentation sur le ridicule ne manquant pas d’efficacité. Le film suit les aventures de Makoto, 32 ans, honnête employé de bureau rendu impuissant par un traumatisme d’enfance (il tua en une pulsion sans doute « œdipienne » un client de sa mère prostituée). Confronté un beau matin à l’inattendue perversion de son patron, lui demandant de s’occuper  de son « intouchable » épouse, il verra son triste quotidien bouleversé par la progressive naissance de son désir.

Fleur secrète, dont le scénario ne requiert au fond aucune attention particulière (on oublie très vite le pourquoi du comment, et ce n’est finalement pas plus mal), voit dans cette question de l’apprivoisement du féminin l’opportunité d’un déferlement prévisible mais hilarant d’énergie régressive. Konuma n’hésite pas à atteindre des sommets de vulgarité, ne nous épargnant aucune insinuation graveleuse, laissant libre cours aux élans scatologiques de personnages vite débarrassés de toute psychologie. Le timide Makoto se découvre progressivement aussi amoureux que possédé par une furie sadique héritée de sa terrifiante génitrice. Shizuko, la proie (incarnée par Naomi Tani, la star du « bondage » des années 70), passera de la supplication à la demande au fil des séquences. Le vieux Senzo, époux de Shizuko, de respectable chef d’entreprise, se révèle très vite pathétique pervers.

Bien que très vulgaire, le film préserve pourtant un charme réel, une force burlesque trouvant origine dans l’immédiate clarté de son aspiration à une totale émancipation du réel. Les personnages agissent sans être jamais rappelés à l’ordre par un quelconque ordre moral (le genre n’étant pourtant pas du goût de la bonne société japonaise du début des seventies). Surtout, le sexe n’est finalement pas tant le sujet du film que la chance qu’il donne à qui le représente et le regarde, de perdre toute notion de stabilité ou d’organisation. Cul par dessus tête, la fiction suit les traces de son beau déséquilibre, son incohérence scénaristique et visuelle au fond très appréciable. N’importe plus tellement, la fin approchant, qu’untel soit le propriétaire de Madame, que Madame soit innocente ou manipulatrice, que la soubrette soit en réalité la véritable maîtresse de maison : l’essentiel est que ce « n’importe-quoi » s’assume toujours comme tel, que du fait de ne rien vouloir dire ou expliquer, chacun se réjouisse finalement. Belles épines d’une fleur baptisée « Folie Douce ».

Remerciements à Nadia Nasr et Nicolas Debarle, sans qui cet article n’aurait pu voir le jour.

Titre original : Hana to hebi

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Durée : 74 mn


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