Reprenant son élan débutant, elle quitte les décors hospitaliers pour faire renaître le héros au sein d’une communauté mystique et pratiquant la magie dans un lieu secret de Katmandou. La mise en scène déploie alors une succession de territoires, figures et motifs composites des plus caractéristiques du genre : intérieurs sombres, en bois, mi-zen mi occultes, vêtements, hiéroglyphes, talismans, jusqu’à la figure de L’Ancien (avec un léger twist de déplacement du sage asiatique vers une femme androgyne interprétée par l’étrange Tilda Swinton) qui représente le groupe cabalistique. Cet ensemble cliché et foisonnant alourdit le long métrage de son apparat et sa profondeur de départ s’éclipse progressivement, décevant par son spectacle superficiel. C’est ainsi que l’incisif et retors Stephen Strange devient rapidement à la fois le plus doué mais aussi le plus servant des membres de la communauté, propulsé bien malgré lui dans une guerres de mondes et une lutte contre le règne de l’Obscurité très convenues, finissant dans un décor psychédélique d’un criard assez risible. Dans ce matériau goinfré et bien trop sommaire, viennent s’ajouter des touches d’humour de rigueur, au programmatisme surligné. Reste ce jeu d’ajustement d’espaces et de portails temporels qui peut rappeller Inception de Christopher Nolan (2010). Dépourvu de l’arrière-plan psychanalytique et de la rigueur conceptuelle de ce dernier, Doctor Strange éparpille cet agencement en strates, manquant d’approfondir le socle de cadres spatio-temporels à couturer et de leur donner du sens ; exigence qui aurait pourtant pu, à l’instar du début du film, développer de façon plus singulière la représentation cinématographique d’un inframonde.
Doctor Strange
Article écrit par Lucile Marfaing
Dernier né de la franchise Marvel, « Doctor Strange », malgré quelques idées, s´empêtre dans un univers composite peu original et trop superficiel.