D’abord, il faut se faire à la transformation de Naomi Watts en Diana et effacer l’image de la plus célèbre des princesses. L’actrice est plus vieille mais aussi plus jolie que l’originale, ce malgré une prothèse nasale. Une fois cette mise au point effectuée, le choix d’Oliver Hirschbiegel est plutôt judicieux et l’interprétation de Naomi Watts apparaît bien préparée et crédible : accent, tics de langages, gestuelle, jusqu’au regard si particulier de la Princesse à la fois apeuré et déterminé.
Diana commence le 1er septembre 1995, soit deux ans avant l’accident tragique, par la rencontre entre la Princesse et le docteur Hasnat Khan (Naveen Andrews). Oliver Hirschbiegel ne s’intéresse quasiment qu’à cette histoire d’amour impossible. Amoureuse gourde, parfois pathétique, la princesse apprend à aimer le jazz, à faire la cuisine… par amour pour Hasnat. Même les actions caritatives dans lesquelles elle s’engage ont l’air d’être dictées pour impressionner son chirurgien, comme son intervention lors de la soirée consacrée à Victor Chang, qui était le maître à penser d’Hasnat Khan. D’après la presse britannique, qui considère ce film comme une « deuxième mort » pour la princesse et le docteur Khan toujours en vie, Diana, inspiré du bestseller Diana : Her Last Love (Kate Snell, 2002), est un tissu de mensonges grossiers. Le réalisateur fait également le choix d’occulter trois personnages mieux connus de l’histoire de la princesse : la Reine d’abord, le Prince Charles, son mari, qui avait un rôle prédominant dans sa vie (et ses enfants au passage), et Dodi Al-Fayed, mort à ses côtés, qui passe pour un sombre idiot utilisé par la Princesse dans l’unique but de rendre jaloux Hasnat Khan. Mais par ses choix, Hirschbiegel rate l’occasion de faire le portrait complexe des personnalités de la monarchie anglaise et de son fonctionnement – comme l’avait fait The Queen (Stephen Frears, 2006) – et surtout réduit en une banale histoire d’amour les questionnements, les difficultés et les motivations psychologiques de ce personnage iconique.
Oliver Hirschbiegel se contente donc du privé, de l’humain et dépeint une Diana solitaire et triste qui se bat jusqu’à la fin de sa vie pour être libre et heureuse. Dans un décor fastueux, recréant à l’identique certaines scènes de la vie de la Princesse – la scène du champ de mines antipersonnel ou celle des photos sur le bateau de Dodi Al-Fayed – à coup de sacs Dior, bijoux clinquants et robes de bal, les images de Diana, certes magnifiques et fleurant bon le luxe, n’excusent toutefois pas les faiblesses d’un script qui ne va pas au bout du personnage. Torturée et manipulatrice (surtout envers les médias), ce sont deux des facettes de la princesse qui échappent au film.
Diana n’est pourtant pas si terrible que ça. Certes, si la véracité de l’histoire d’amour relatée paraît engagée – c’est peut-être ce parti pris qui sauve le film du naufrage complet – et que le film ne se situe pas dans un contexte politique et historique réel, la partie humaine de Diana souffre de son amour impossible sur grand écran et finalement l’empathie nous emporte. Hirschbiegel arrive à faire le portrait d’une femme aux occupations banales mais qui se fait sans cesse rattraper par une destinée royale hors du commun. C’est peut-être cela qui touche… Enfin, mention spéciale pour les scènes d’ouverture et de fermeture du film qui sont particulièrement fortes : elles montrent les quelques minutes avant l’accident avec tact, émotion, talent… jusqu’à arracher une larme au coin de l’œil.