Devil

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Une bonne idée de Night Shamalyan ne fait pas forcément un bon film. Un agréable moment de série B, peut être…

Vous ne le saviez sûrement pas, mais M. Night Shamalyan n’est pas qu’un simple réalisateur, il est aussi recruteur et éducateur de jeunes poulains. Night imagina donc « The Night Chronicles », une trilogie de longs métrages fondés sur ses idées qu’il ne peut développer par manque de temps et réalisés par des artistes prometteurs qu’il repère dans les faubourgs d’Hollywood. Devil, film d’épouvante éprouvant, en est le premier volet.

Devil se repose avant tout sur une bonne idée de scénario. Cinq personnes qui ne se connaissent pas se retrouvent coincées dans l’ascenseur d’un immense building. Malheureusement, l’un de ses cinq personnages est une incarnation du Diable. Pas de chance. Dans une ambiance relativement tendue, les malheureux meurent les uns après les autres tout en se suspectant tout au long du film. De l’autre côté de l’ascenseur, un policier et les gardiens de l’immeuble observent les évènements grâce à une caméra de surveillance. Evidemment, à chaque meurtre la lumière s’éteint – ce serait trop facile de démasquer d’emblée l’esprit diabolique qui se cache parmi eux. Le concept se délite donc progressivement, nous offrant finalement un film de série B quelquefois efficace mais à la construction tirée par les cheveux.

L’utilisation de l’ascenseur est la marque d’un désir avoué d’identification immédiate du spectateur qui, bien entendu, prend régulièrement cet appareil si pratique. C’est intelligent et ça fonctionne. L’ambiance est pesante, on ne sort pas du film, ce que le huis clos facilite. Les personnages bloqués, représentant tous des vices (ou péchés) différents sont, de fait, caricaturaux et sans profondeur, ne gênant pas forcément le bon déroulement de l’histoire. En l’occurrence, c’est le personnage principal qui fait défaut. Offrant le même regard insipide, Chris Messina (le mari de Vicky dans le Woody Allen catalan) interprète un policier en charge de l’affaire tel un personnage de jeu vidéo monocorde et sans saveur. Il permet ainsi malgré lui d’abandonner, dans toutes les scènes hors de l’ascenseur, toute concentration autour des évènement situés entre le 21ème et 22ème étage de l’immeuble.

« This is the rhythm of the Night »

Shamalyan reste fidèle à certains thèmes dont il saupoudre abondement ses films. Devil se concentre sur les notions de bien, de mal, de pardon, de hasard-qui-n’en-est-pas, sans aucune subtilité, interdisant une quelconque réflexion. Il faut donc apprécier Devil comme un simple film de genre, en oubliant sa morale judéo-chrétienne – « si tu mens, fais gaffe ou le Diable te tuera dans un ascenseur, alors ne fais pas ton malin et excuse toi vite.» – ainsi que son finale aux révélations aussi alambiquées qu’inutiles. Son concept de base aurait mérité d’être moins développé, nous abandonnant dans cet ascenseur terrifiant et nous obligeant après visionnage du film à prendre définitivement les escaliers.

Titre original : Devil

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Durée : 80 mn


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