Dérive mortelle

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Nanar estival de haute volée, Dérive Mortelle n’est pas sorti sous son titre américain opportuniste Open Water 2 qui le faisait passer pour la suite d’une série B stimulante, découverte sur nos écrans il y a trois ans de cela, Open Water : en eaux profondes, de Chris Kentis, où deux plongeurs amoureux, abandonnés en […]

Nanar estival de haute volée, Dérive Mortelle n’est pas sorti sous son titre américain opportuniste Open Water 2 qui le faisait passer pour la suite d’une série B stimulante, découverte sur nos écrans il y a trois ans de cela, Open Water : en eaux profondes, de Chris Kentis, où deux plongeurs amoureux, abandonnés en mer et encerclés par des requins gourmands, se noyaient après de longues heures passées à lutter contre le froid, la solitude et la peur. Cette fois-ci, des personnages archétypaux, si possible stupides, partent en mer sur un yacht et oublient dans l’excitation de laisser une échelle pour remonter à bord. D’autant qu’ils ont laissé un nouveau-né paisiblement endormi sur ledit yacht. On ne peut pas dire que les scénaristes de la chose se soient foulés : pendant plus d’une heure, les protagonistes vont chercher à trouver un moyen de remonter en nageant autour du bateau et finissent ensuite par céder à la panique.

Tel quel, Dérive Mortelle est une série B terriblement anodine qui met un temps inouï avant d’entrer dans le vif du sujet. D’un bout à l’autre, Hans Horn, faiseur allemand pas manchot, laisse sous-tendre qu’il peut y avoir dans cette pseudo-suite des requins en usant du Cinémascope, mais on comprend très vite qu’il n’y en aura jamais. Les amateurs de Shark Attack risquent d’être considérablement déçus puisqu’à ce niveau-là, n’importe quelle série Z italienne des années 70 se révèle plus stimulante (revoir La Mort au large de Enzo G. Castellari ou encore L’Enfer des zombies de Lucio Fulci dans lequel un zombie se bat contre un requin).

Incapable de générer le moindre suspense, le film contient cependant quelques idées amusantes qui tirent doucement le spectateur de sa torpeur et le film vers la parodie, comme retirer les maillots de bain de tous les personnages afin qu’ils confectionnent une chaîne de vêtements pour atteindre le yacht en dérive ou encore l’humour involontaire des crises d’hystérie et autres traumas personnels (l’une des femmes du groupe a perdu son père alors que, petite fille, elle jouait avec lui dans l’eau). Si bien qu’on se demande encore pourquoi elle a accepté de faire une virée en yacht. Au lieu de sortir dans les salles, ce film qui n’a pas l’intelligence de rebondir sur sa propre vacuité aurait certainement gagné à être déposé sur les étagères des vidéoclubs ou, mieux, à rester dans les fonds de tiroir d’un producteur scrupuleux. Dérive mortelle ? Dérive inutile.

Titre original : Open Water 2: Adrift

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Durée : 92 mn


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