Chapitre 27 (Chapter 27)

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100 minutes d’ennui pour voir une performance pondérale en demi-teinte dans un film rasoir. C’est cher payé…

Jared Leto a pris 27 kilos pour incarner le tueur de John Lennon, Mark David Chapman. La ressemblance entre lui et l’assassin, à l’époque des faits, est certes troublante mais le mimétisme importe peu si le contenu est médiocre. Et c’est malheureusement le cas pour Chapitre 27.

A l’image des changements physiques qui ont opéré en Jared Leto (dus à sa prise de poids : lenteur des gestes, souffle court, etc.), le film est incroyablement mou, léthargique et franchement exaspérant. Le cinéma s’est, à de nombreuses reprises, nourri de lenteur, permettant ainsi aux "petits miracles" de se produire. Mais ici l’attente est vaine, la lenteur tape sur les nerfs et le phrasé de Leto est à ce point pénible qu’on finit par manquer de patience. Malgré les simili électrochocs qu’assène parfois le montage, sous forme de flashbacks, de cut secs, d’images redondantes, rien n’y fait, le film ne décolle pas.

Et cette lourdeur est d’autant plus difficile à supporter que la fin est prévisible : Mark Chapman vide un chargeur sur John Lennon. L’issue étant donnée d’avance, il fallait au moins donner du grain à moudre jusqu’au dénouement : le pourquoi du comment, l’histoire vraie (sous-titre du film) que prétend narrer Jarrett Schaefer. Or, sa tentative d’expliquer la désagrégation mentale d’un tueur est complètement sabordée, la sonde qu’il semble lancer dans le cerveau de Chapman n’a renvoyé aucune théorie pertinente et ceci pour une raison évidente : le réalisateur, (et c’est le défaut majeur du film), s’est focalisé sur le roman culte de J. D Salinger L’attrape-cœur (The Catcher in the Rye), livre de chevet de Chapman, qu’il lisait encore lorsqu’il a été interpellé par la police sur les lieux du crime (le Dakota Building où habitait le couple Lennon/Ono) et dans lequel il avait inscrit "voici ma déposition".

L’identification de Chapman au personnage de Holden Caulfield, adolescent fugueur du roman, était manifeste. Mais,sa psychose était pourtant plus diffuse, moins mono-orientée : Chapman s’était déjà rendu à New York en vue d’accomplir son dessein meurtrier. Nous n’apprenons rien sur lui ou sur son passé, rien non plus sur sa femme, hawaïenne d’origine japonaise, sosie de Yoko Ono. Le parti pris de Jarrett Schaefer n’est certainement pas d’éclairer nos lanternes. L’attrape-coeur est (malheureusement) l’unique piste qu’a retenu le réalisateur pour son scénario. A ce titre, il a littéralement transposé des passages du livre à l’écran et les répète jusqu’à saturation : la redondance des plans du petit garçon chantonnant L’attrape-coeur, le champ de seigle, ou l’épisode du chauffeur de taxi et la fameuse question "Où vont les canards quand le lac est gelé ?". Le titre même du film Chapitre 27 achève de mélanger le personnage d’Holden Caulfield et Mark Chapman : le meurtre de Lennon serait le vingt-septième chapitre de L’attrape coeur (le roman en comporte 26).

Ni la mise en scène, ni Jared Leto, ni l’impasse de l’illustration/transposition ne permettent à Chapitre 27 de captiver. Il en résulte un film qui tourne à vide. Juste soporifique.

Titre original : Chapter 27

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Durée : 100 mn


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