Il est parfois des histoires sans parole dont les non-mots continuent de vous bercer les yeux des heures durant. Il est parfois des rencontres qui se suffisent à elles-mêmes sans plus d’explication. Les moments les plus purs et les plus simples de l’existence ne sont-ils pas ces instants d’éternité volés par un regard?

Yumurta (L’œuf), c’est le temps du deuil, le temps de la rencontre, le temps de l’amour. Le poète Yusuf retourne dans son village natal après la mort de sa mère.  Ayla, dans la maison maternelle, prendra soin du fils comme auparavant de la vieille dame. Ils ne se connaissaient pas et vont, au fil des jours, s’apprivoiser tout en douceur. Une caméra pudique caresse les visages et témoigne de la naissance de l’amour. Rien n’est vraiment montré, tout est suggéré avec délicatesse.

Ce voyage en terre maternelle est aussi un retour aux sources. Avec l’aide et le soutien d’Ayla, Yusuf fera le rite sacrificiel que sa mère n’a pas eu le temps d’accomplir. Un témoignage filial qui correspond à une nouvelle étape de vie. La caméra se fait poétique et parcourt les routes auprès du couple en devenir. Les paysages défilent tels des souvenirs, réjouissants et douloureux à la fois. Récalcitrant au départ, ce n’est pas seulement la culpabilité qui fera accomplir le rituel à Yusuf. Mais c’est aussi et surtout ce besoin de se mettre au clair avec son passé. Tel un hommage à sa mère. 

Charmant et poétique, Yumurta est une réflexion sur le temps qui passe. Comme si Baudelaire avait mis Les fleurs du mal en images…