W.E.

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Madonna aime le cinéma, mais il ne le lui rend pas.

« La plus grande histoire d’amour du XXe siècle », peut-on lire sur l’affiche de W./E., le dernier caprice (euh, film) de Madonna. Rien de moins. Il est vrai qu’à côté du couple Wallis Simpson-Edward VIII, Blanche-Neige et le Prince charmant n’ont plus qu’à aller se rhabiller. Pour pouvoir épouser la belle américaine, deux fois divorcée, le roi d’Angleterre dût abdiquer en décembre 1936, après 326 jours de règne. Banni de sa terre natale, il se réfugia en France et prit le titre de Duc de Windsor. Le sacrifice ultime, semble-t-il.

Oui mais voilà, Madonna ne croit plus aux contes de fée depuis belle lurette et sait qu’une relation amoureuse, aussi royale soit-elle, nécessite des compromis. « On n’imagne pas combien c’est difficile de vivre la plus grande histoire d’amour du monde », avouait volontiers Wallis. Pour illustrer son analyse historico-sentimentale, la réalisatrice renonce – et c’est tant mieux – au biopic pur et dur. Il aurait été malhabile, tout juste un an après Le Discours d’un roi, de consacrer un autre film aux mésaventures d’Edward VIII et de son frère, le bègue George VI.
 

 
Elle préfère jouer la carte de l’originalité en mettant en parallèle deux générations de femmes : tandis que Wallis Simpson s’attire les faveurs du Prince de Galles au début du XXe siècle, Wally Winthrop, jeune new-yorkaise d’aujourd’hui, passe ses journées à contempler les bibelots clinquants ayant appartenu au Duc et à la Duchesse de Windsor. La reine de la pop entrecroise les époques et les destins, mêle – non sans maladresse – les trames narratives, comme le faisait Stephen Daldry dans The Hours. Malheureusement pour elle, le résultat n’est pas à la hauteur de ses ambitions : le personnage de Wally (Abbie Cornish, merveilleuse dans Bright Star) paraît bien fade en comparaison de la pétillante Wallis (Andrea Riseborough), parée de mille pierreries. On comprend que Madonna se soit émerveillée devant cette figure historique controversée, cette material girl des années 30, femme aux mœurs légères trainée dans la boue par une presse sans scrupules. W./E. n’a pourtant rien d’un hymne à l’émancipation féminine. Humiliées, battues, dépendantes d’un mâle dominant, Wallis et Wally vivent dans l’ombre de leurs compagnons et se reprochent constamment de ne pouvoir leur donner d’héritier. Lorsque Wally se décide enfin à quitter son rustre de mari, c’est pour mieux se remettre en ménage et prouver, une fois pour toutes, qu’elle est apte à procréer. Les féministes repasseront…

Ces faiblesses de scénario, aussi gênantes soient-elles, peuvent néanmoins paraître anecdotiques. Il est par contre difficile d’endurer sans broncher le style arty et le maniérisme de la réalisatrice en herbe. « Des cinéastes tels que Godard, Visconti, Pasolini et Fellini sont depuis toujours une référence et j’espère qu’un jour j’aurai l’occasion de me rapprocher de leur génie », confiait-elle lors du tournage d’Obscénité et vertu (2008). Cette chère Madonna a certes fait quelques progrès depuis ses premiers pas au cinéma, mais la route à parcourir est encore longue. Très longue.

Titre original : W.E.

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Durée : 119 mn


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