Soyons direct : à qui serait resté totalement hermétique aux trois précédents épisodes, on conseillera avec bienveillance de passer son chemin sans hésiter, tant ce quatrième chapitre ne semble pouvoir s’apprécier vraiment qu’à la condition d’avoir déjà adopté sa faune moyennement glamour. Twilight – Chapitre 4 : Révélation 1ère partie, qui nous conte sur près de deux heures le « passage à l’acte » d’Edward et Bella, autrement dit la consommation de leur amour après officialisation (mariage !), se savoure sans doute avant tout en fonction du lien affectif que l’on aura su tisser (ou non) avec ces deux-là et leurs amis (voire leurs ennemis). Le film, fidèle à l’esprit du roman original de Stephenie Meyer, n’est ainsi rien de plus qu’une étape à la fois décisive et presque bénigne au regard de l’ensemble de la fresque Twilight. S’y joue certes le destin de la jeune héroïne, dont le reste d’appartenance au monde des vivants sera l’enjeu principal du film, mais peut-être plus encore la validation des acquis des épisodes précédents.
Twilight 4 n’est pas à proprement parler le fruit de la perpétuation purement commerciale d’une franchise (un peu, sans doute, pas uniquement), mais le maillon assumé d’une chaîne : celle d’une série sur grand écran vouée dès l’entame à suivre la logique d’adaptation intégrale de l’œuvre littéraire d’origine. Soit la petite sœur ou lointaine cousine de la saga Harry Potter, dont la médiocrité d’au moins la moitié des films pouvait presque être excusée par le défi un peu buté d’aller jusqu’au bout : finir ce que l’on a commencé, sans se retourner, ne rien regretter. Le hic résidait peut-être juste dans la dimension trop apparente de sa mécanique de relance. Le compte devait y être, point. Qu’importe au fond le mouvement impulsant l’épisode suivant. Etant acquis dès la fin du premier volet que nous étions partis pour une aventure de près de dix ans, ne restait aux fans de JK Rowling (et aux autres) qu’à être fidèles au poste, en attendant d’écraser une larme ou pousser un ouf de soulagement au démarrage du générique de fin de l’ultime épisode.
Prête-moi ta main
Si la logique de la saga ciné Twilight est à peu près la même, force est de reconnaître que quelque chose s’articule, du premier volet signé Katherine Hardwick (à ce jour encore le meilleur) à cette quatrième livraison confiée à Bill Condon, du correct Chapitre 2 de Chris Weitz à l’amusant Chapitre 3 de David Slade. Quelques motifs circulent avec une certaine force. En raison sans doute du caractère plus resserré des sorties, au niveau strictement temporel (moins d’un an d’intervalle entre les premier et deuxième épisodes, pas davantage entre le deuxième et le troisième ; seul ce quatrième volet, sortant seize mois après son prédécesseur, est gentiment à la traîne). En raison surtout de l’aptitude des scénaristes et réalisateurs à ne jamais dévier de la ligne érotico-morbide faisant depuis le départ le sel (très léger) de la romance entre la jeune fille mélancolique et son beau vampire. Mais plus encore que le parcours amoureux puis sexuel d’Edward et Bella, c’est peut-être bien l’importance accordée à tous ceux qui les entourent, les « familles » et amis du couple, qui confère à chaque volet sa part d’ancrage, de « réalisme » si l’on osait le terme.
Une figure se démarque particulièrement : Jacob, le loup-garou, ami d’enfance et autre prétendant de la jolie Bella. Personnage plutôt secondaire dans le premier chapitre, il s’est révélé dès le suivant, où Edward s’absentait durant une bonne heure, aussi essentiel que son rival au mouvement du récit. A travers lui, c’est un autre monde de hantises et de désir qui se dessinait peu à peu, le jeune acteur qui l’incarne (Taylor Lautner, tout de sourcils froncés, antithèse parfaite du plus molasse Robert Pattinson) devant une grande part de sa notoriété grandissante à un corps d’athlète qu’il n’hésite pas à dévoiler si nécessaire. L’histoire d’hésitation, de tentation et de pénétration du couple star monopoliserait le corps entier de la saga, Twilight the movies ne serait davantage que le parent pauvre de plus stimulantes fictions de vampires contemporaines, telles les séries télé Buffy contre les vampires il y a dix ans, True Blood aujourd’hui. La mission implicite de Jacob et ses frères, mais aussi de Carlisle, Esme et les autres vampires, voire de Charlie Swan, le père de Bella (toujours émouvant Billy Burke) est alors de garantir tout du long le lien sous-jacent entre ligne romantique et ligne « guerrière ».
Don’t touch my dudes !