Moins affligeant que les précédents, le film ne vaut que par une utilisation magnifique de la 3D.
Ne pas sortir complètement atterré d’un film de Michael Bay est suffisamment miraculeux pour prêter quelques attentions à ce Transformers 3. Comprenons-nous bien, le film n’est pas bon, mais il est nettement moins affligeant que les autres tomes de la saga ou autres semblants de films que le réalisateur nous inflige depuis une quinzaine d’années. Les quelques qualités du film proviennent d’ailleurs d’une utilisation particulièrement séduisante de la 3D. Alors qu’on se plaint régulièrement de son inintérêt dans la plupart des productions, qu’Hollywood commence à vaciller sur ses certitudes – à l’image de Pirates des Caraïbes IV (Rob Marshall, 2011), les récents films aux États-Unis ne réalisent pas forcément l’essentiel de leurs recettes en 3D mais en 2D -, l’une des plus grosses productions de l’année propose une 3D raisonnée et intelligente. Deux qualificatifs que l’on n’aurait jamais vraiment pensé appliquer aux films de Bay.
Sur le fonds, Transformers 3 reste similaire à ses deux prédécesseurs et à la (lourde) patte Bay. Exploitant le filon du film pour garçon attardé qui ne rêve de rien de mieux que de rouvrir son coffre à jouets (mais sans conscience aucune du ridicule de la situation), le film balance sur l’écran une débauche de joujoux extraterrestres géniaux capables de prendre la forme de n’importe quelle machine. Évidemment ces supers caméléons de l’espace doivent tout faire pour sauver la planète. Histoire d’alimenter un peu le suspense, on ressuscite le vilain méchant pas beau Megatron mort dans l’épisode précédent et on lui fait affronter un vieux transformer légendaire qu’on avait oublié sur la Lune il y a quarante ans. Ajoutez à cela une dose de complots internationaux (les premiers hommes sur la Lune, Tchernobyl), un héros valeureux (il court, il saute, il chevauche, il conduit, il traverse le feu…) mais un peu perdu – Shia LaBeouf passe son temps à hurler depuis le premier tome en 2007, l’extinction de voix le guette – et une blonde décérébrée mais aux formes avantageuses en remplacement de l’effrayante Megan Fox. Secouez bien – très fort surtout – et on obtient une histoire famélique qui tient à peu près la route. L’essentiel étant de toute façon le plaisir de la transformation des caméléons de l’espace, la baston et les explosions entrecoupées de plans sur la croupe ou la poitrine de la blonde. Fait cependant notable, le changement de scénaristes (tous remerciés sauf Ehren Kruger) n’aura pas été une mauvaise chose, les dialogues sont (un peu) moins catastrophiques que dans les deux précédents. On se rappelle pourtant avec émotion les crises de rire qu’avaient pu nous provoquer des perles aussi fines que « Sam, tu as risqué ta vie pour sauver le cube ! » ou « -Tu me déçois Megatron. -Approche petit crétin » !
Le pire de ce Transformers 3, c’est son effarante longueur : 2 très longues heures et 35 minutes avec un scénario qui tient sur un timbre-poste (allez disons sur deux) et un final interminable de quarante minutes. S’il s’agit d’une mise à l’épreuve de la résistance du spectateur, c’est tout à fait réussi. Mais à ce jeu-là on peut préférer le travail jusqu’au-boutiste d’un Lars Von Trier qui a au moins le mérite d’être parfaitement conscient de ses effets et des épreuves qu’il propose. Vu le prix actuel des places de cinéma, on peut certes arguer que, vu le temps passé, on en a pour son argent. Oui, sauf que passé une heure et demie, Michael Bay ne parvient absolument plus à maintenir l’attention de son spectateur : il multiplie les scènes inutiles, les rebondissement sont tous plus stupides les uns que les autres, les scènes d’action trop longues et répétitives – là où la course-poursuite du début ne manquait pas de panache – et aussi belle que soit la 3D, elle n’en présente pas moins une fatigue visuelle bien réelle sur une durée aussi longue.
La forme, mais surtout pas le fond
Reste que Transformers 3 est visuellement splendide, impressionnant même. Excepté Pina (2011) de Wim Wenders qui apparaissait pourtant malheureusement comme une performance technique relativement lassante, aucun film depuis Avatar (James Cameron, 2009) n’a su proposer une utilisation pertinente de cette technologie. Et ce ne sont pas les prochains Contes de la nuitde Michel Ocelot, certes très beaux mais lorgnant esthétiquement vers le passé et vers du pur décorum, qui rattraperont les choses. Dès les premières minutes, Transformers 3 emporte son spectateur. Pourtant, la 3D n’a ici rien d’une béquille qui soutient un film bancal, ni d’une adresse sensationnaliste au spectateur. Elle sait au contraire se fondre dans l’ensemble, se faire oublier pour ne rendre l’image que plus belle. Pas de démonstration stérile et artificielle de la profondeur ou de mouvements en direction de la salle, seulement une amplitude renouvelée des plans. Michael Bay profite d’ailleurs autant de la technique dans les scènes de combat que dans les moments calmes pour s’attarder sur les visages se découpant sur l’arrière-plan. La 3D ne cherche pas à être illusoirement immersive, ni à faire du film une attraction foraine (il n’a pas besoin d’elle pour l’être), mais propose, par un emploi finalement assez discret, une dimension supplémentaire à l’image. On se plaît à imaginer ce qu’elle pourrait offrir au classicisme formel assez brillant d’un David Fincher.
Dommage donc pour un film aussi beau d’être aussi affligeant avec son final à la ridicule emphase pyrotechnique et la musique triomphaliste digne du Puy-du-Fou. Belle image plus fond consternant n’est jamais égal à bons résultats.
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