Avec Together, le réalisateur Michael Shanks, repéré grâce à son travail sur YouTube, met en scène le couple de Dave Franco et d’Alison Brie au sein d’une histoire d’amour pour le moins… fusionnelle. Intriguant grâce à son concept aguicheur, ce body horror estival avait tout pour offrir des séquences intenses à l’instar du récent The Ugly Stepsister. À notre grand regret, le rendez-vous est partiellement manqué.
Nous suivons le déménagement de Tim (interprété par Dave Franco) et Millie (Alison Brie), un jeune couple en pleine mauvaise passe, qui décident de partir vivre à la campagne. C’est alors qu’une puissance maléfique va mettre à mal leur corps et leur esprit. Très vite, le duo de personnages va se révéler être la grande force du long-métrage. Les tensions, frustrations et non-dits qui gangrènent leur relation amènent de réels enjeux dramatiques et permettent une profonde analyse de caractères. Il leur faudra s’éloigner de tout et voir leurs corps être tourmentés pour trouver en eux le courage nécessaire à la survie de leur amour, même s’ils doivent sacrifier leur propre identité. Au travers de chaque scène qu’ils partagent, il s’opère une alchimie que l’on doit aux excellentes interprétations des comédiens, et disons-le, à leur proximité dans la vraie vie. Ils se confrontent avec brio aux tourments psychologiques et surnaturels traversés par leurs personnages. La justesse de leur jeu touche profondément.

Petit à petit, les protagonistes vont physiquement et mentalement se mettre à se combiner l’un à l’autre. Difficile ici de ne pas y voir une métaphore de la dépendance affective et des dérives malsaines qui en découlent. Le mal refuse la moindre liberté à ses victimes : elles doivent rester ensemble et mettre de côté leur intimité, leur liberté et leurs projets. Paradoxalement, cet enfer va leur apprendre à se redécouvrir avant un dénouement aussi poétique que redoutable. Dès lors que le réalisateur cherche à mettre en scène la mystérieuse force d’attraction, la première partie du film se voit offrir quelques séquences mémorables (mention spéciale à la scène des toilettes, onirique puis tétanisante). L’évolution progressive du calvaire prend racine et le récit trouve son rythme. Une maitrise que la seconde moitié du long métrage ne parviendra jamais à égaler : un déclin qui s’annonce dès la scène d’ouverture.
En effet, l’introduction de Together concentre une majorité de ses faiblesses les plus palpables. Deux chiens, une grotte abandonnée, une eau maudite et une métamorphose animale : la séquence nous présente le terreau horrifique à partir duquel le scénario compte évoluer. À notre grand regret, hormis une dernière image saisissante (The Thing de John Carpenter est passé par là), le constat est mitigé. À l’instant où l’on comprend que quelque chose cloche entre les deux caniches, le montage s’accélère et ne va jamais chercher à construire la moindre tension. Les différents décors s’enchainent tandis que Michael Shanks se précipite à mettre en lumière la fusion canine. Le tout est expédié en quelques plans et c’est un arrière-goût de déception qui reste en bouche. Les idées sont bien présentes mais l’exécution ne suit pas les ambitions du projet.

Restons optimistes, peut-être que la suite est meilleure que sa mise en abime ? Malheureusement non. Arrivé à un certain point, l’idée principale du film trouve ses limites. Au lieu de pleinement assumer son concept (par exemple, en axant l’horreur et la dramaturgie sur la détresse du couple), le scénario préfère stagner, voire rétrograder, et nous proposer un lot de retournements prévisibles, entrecoupés de numéros d’acrobaties surnaturelles assez convenus. Lorsque l’audace doit prendre le dessus afin d’éviter une baisse d’intérêt, le scénariste panique et n’assume plus. L’utilisation d’une ellipse comique pour nous épargner un déchiquetage d’avant-bras représente parfaitement cette frilosité qui plane au-dessus de l’œuvre.Le tout reste en surface sans plonger concrètement au cœur du sujet. L’horreur manque de folie, de surprise et d’inventivité. Elle n’ose pas, elle reste en retrait et elle déçoit. Certes, la conclusion est plutôt satisfaisante, mais la promesse d’un plaisir sanglant et charnel n’est pas tenue.
En dépit de quelques fulgurances, Together est un film terrifié par son propre concept qui ne va pas au bout de ses idées. Si l’écriture des personnages et les acteurs apportent une sensibilité inattendue, l’ensemble tient plus du drame un peu crade que du pur film body horror. Ce n’est pas mauvais, c’est terriblement correct.





