"La vie est un miracle", nous disait il y a quelques années un fameux cinéaste serbe dont la star du présent film, Miki Manojlovic, est comme on sait un familier (Papa est en voyage d’affaires, Underground, Chat noir, chat blanc…). Telle sera grosso modo la ligne directrice du second long métrage du Bulgare Stephan Komandarev, suivant donc grand-père et petit-fils dans cette longue escapade européenne où au présent de la redécouverte d’une identité, de la récupération d’une histoire singulière s’associe, par le biais d’un parallélisme assez plan plan, le suivi en flashback du parcours d’Alex et ses parents en fuite. Le charme global du film réside dans cette extrême lisibilité des intentions, le désamorçage systématique de toute dialectique, de toute cruauté au profit de la conviction que oui, le monde est grand, tout est possible : la vie est un miracle.
Ironie, dans ce décryptage express des intentions d’un film ? A peine. Le fait est qu’à pareil objet, interdisant toute forme de mépris pour la simple et bonne raison qu’à aucun instant il ne triche quant à ses motivations, qu’il demeure tout du long d’une assez belle égalité d’humeur, doit être rendu l’accusé de réception qu’il mérite. Donc oui : The World is big n’est pas le film de l’année, sa théorie selon laquelle la vie serait aussi soumise à la logique du hasard qu’une bonne partie de backgammon, que le passé est toujours à venir, que retrouver sa terre n’interdit pas de retourner au point de départ d’un voyage (l’Allemagne) en raison, why not, d’une possible love story, tout ça… sont des choses qui peuvent prêter à sourire. Mais force est de constater qu’au sortir du film, c’est bel et bien le sentiment d’avoir suivi une trajectoire, une ligne de vie unique qui prédomine. De ces miracles mineurs qu’offre parfois le cinéma, jusqu’en ses recoins les plus grossiers.