Si le terme « déjà vu » n’existait pas, il aurait fallu l’inventer pour ce film, qui s’en tient à appliquer consciencieusement les ingrédients du genre, mais en les dévitalisant de tout potentiel de séduction. Pas une situation, pas une ligne de dialogue, pas un plan, qui ne soit une pâle redite de ce qui a déjà été fait ailleurs, en mieux. Précédé de relents poussiéreux, le script tente de mener de front deux intrigues maladroitement imbriquées. La première : une histoire de complot à base de politiciens russes véreux (un euphémisme au pays de l’Oncle Sam) et, ultime audace, de haut gradés américains tout aussi corrompus (une constante dans le cinéma national depuis l’apparition du Nouvel Hollywood, il y a plus de quarante ans). Autrement dit, le credo habituel au royaume des espions: une intrigue faussement complexe et des méchants en carton. La seconde, qui sauve un peu les meubles, narre la relation maître/élève entre Pierce Brosnan et Luke Bracey. Rien de révolutionnaire, mais le film y puise un semblant de dramatisation, quitte à parfois sombrer dans le risible (à ce titre, l’épisode où Brosnan s’en prend à la petite amie de son protégé est un modèle du genre).
L’absence totale d’originalité est d’autant plus patente que le casting constitue un lieu commun à lui tout seul : tandis qu’Olga Kurylenko est une fois de plus reléguée au rôle ingrat de la poupée de service (dans la lignée des Hitman et autre Max Payne), Pierce Brosnan prête ses traits fatigués à un James Bond-bis sur le retour. A l’opposé de Tom Cruise (et indépendamment de ce que l’on peut penser des deux acteurs), l’acteur de GoldenEye n’a manifestement pas su négocier le virage des années 2000. Résultat : l’un occupe le haut du panier des productions de genre (Mission Impossible 4, Jack Reacher), tandis que l’autre se cantonne à des inepties comme The November Man. Plombé par sa facture télévisuelle, ce succédané sans consistance parvient avec un savoir-faire indéniable à faire rimer action incessante avec ennui total, la platitude de la trame principale n’ayant d’égal que son manque absolu et rédhibitoire du moindre humour (excepté un ralenti hilarant de laideur sur Luke Bracey abattant un méchant pour libérer la fille de Brosnan). Sans égaler l’affligeant Die Hard 5 dans son entreprise de suicide artistique, The November Man n’est rien de plus qu’un fruit avarié, né de la collaboration entre deux figures du cinéma d’action des années 90 (Brosnan devant et Donaldson derrière la caméra) qui ont décidé de rempiler dans le genre ayant forgé leurs succès. Espérons seulement que le public ne leur donne pas raison.