Slacker

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Bienvenue dans le Austin des années 1990.

Faux glandu

 

« Slacker » : « a person who evades duties and responsabilities ». Un « slacker » est donc un glandeur, un paresseux, quelqu’un qui se laisse porter par la vie sans trop agir pour quoi que ce soit. Et sous ses airs de faux « slacker », Richard Linklater propose pour son premier succès cinématographique une immersion totale durant un peu plus d’une journée, dans le quotidien d’une centaine d’habitants d’Austin (Texas).

Immédiatement, on se rend compte du paradoxe que montre Linklater entre son idée du « slacker » et les personnages que sa caméra suit au gré de leurs déambulations. Ceux-ci, tous plus ou moins excentriques et/ou marginaux sont en réalité tous très affairés…à écrire un livre, répéter dans un groupe, bricoler ou démolir, à palabrer ou à écouter. Ainsi, nous rencontrons diverses contre-cultures et une diversité de genre et d’opinions au sein d’une même ville (la richesse de l’Amérique ?).
La structure filmique de Slacker est intéressante par le fait que les personnages filmés se passent la lumière tel un relais et créent alors tous ensemble une boucle humaine géante. De ce fait, Linklater s’attache à ne faire que très peu de coupures entre les plans (il semble que le plan-séquence soit vraiment chose intemporelle quand on pense à 1917 près de 20 ans après) afin de ne pas briser ce fil rouge si fin et fragile entre ces personnes banales, mais pourtant si représentatives de la société américaine des années Bush.

 

Faux documentaire…réelle critique ?

Presque une habitude désormais, Linklater choisit de filmer les minorités, ici la contre-culture en marge de la perception dominante qu’on pourrait se faire du Texas. Dans cet état traditionnellement américain, ils ont le sentiment de ne pas compter, et le film transmet une vision politique atypique : celle d’une non-participation, tant sur le plan électoral qu’au quotidien. « Ne rien faire », tel un « slacker » au final, ici c’est préférer rire, bavarder, refaire le monde plutôt qu’être intégré à un certain système officiel. Linklater a déjà avoué son amour pour l’anarchisme, et dit d’ailleurs à propos de Slacker : »En fait, le film parle de terrorisme domestique. Ce sont des gens qui ne font encore rien, mais sont sur le point de passer à l’acte, que ce soit bien ou mal. C’est un peu la mentalité du terroriste ».

En tant que documentaire fictif, Slacker est un film culte, intemporel, et qui dépeint les rapports sociaux avec discrétion et neutralité. De par son humour très fin et son rythme captivant, le film n’a rien perdu de son actualité : l’Amérique va toujours mal.

 

Titre original : Slacker

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Durée : 97 mn


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