Tom Farrell (Kevin Costner), valeureux commandant de l’U.S Navy, est engagé comme agent de liaison par le ministre de la défense, David Brice (Gene Hackman). Les deux hommes partagent -sans le savoir- la même maitresse, Susan Atwell (Sean Young). Des affaires de cœur qui vont devenir une affaire d’état lorsque… Mêlant action, romance dans un engrenage irrévocable, Sens unique s’inscrit dans la lignée d’une série succès des années quatre-vingt, dans lequel se sont distingués des titres comme Contre tout attente (Taylor Hackford, 1984), Présidio (Peter Hyams, 1988). Roger Donaldson qui sait se mettre au service des stars sans faire de vagues (Le bounty, avec Mel Gibson 1984), mène sa barque sans trébucher mais sans vraiment de personnalité. On se lance dans deux heures de manège exempts de temps mort. Rebondissements parfaitement calés, poursuites efficaces, des méchants (vicieux) bien typés : l’adrénaline à un bon dosage.
On pourra se délecter ou sourire de l’esthétique pseudo-érotique de cette prude période hollywoodienne lors des scènes de » chaude passion » entre le futur Body-Guard (Mick Jackson, 1992), Costner et l’irrésistiblement répliquante de Blade Runner (Ridley Scott, 1982), Sean Young, peu avare de ses charmes. Mais force est de constater que le couple d’amoureux à de la gueule. Tout comme celui des mâles alphas Costner/Hackman. ce dernier travaillant ici sa figure d’homme de pouvoir ambigu, capable d’étirer l’élastique entre le lâche et le dur, une facette de son jeu d’acteur qui fera le bonheur d’autres maîtres d’œuvre comme Clint Eastwod dans Les pleins pouvoirs (1997). C’est, comme souvent dans les récits qui tirent vers la paranoïa, dans un espace cloisonné que l’action possède le plus de souffle. Écrin idéalement exploité qu’est ci le Pentagone et son dédale de bureaux et de sous-sols. Lors d’une course contre la montre où le piège se referme inexorablement vers le faux coupable, on transpire avec le beau Costner que la caméra de Donaldson soigne alors avec encore plus de passion qu’auparavant. Puis, alors qu’on l’on pouvait craindre que, trop bien huilée, la mécanique gomme toute aspérité pour nous diriger vers un happy-end en bonne et due forme, Attention spoiler, car ce n’est pas qu’un jeu de mots Caramabar : le twist again à Moscou vient rebattre les cartes. Nous obligeant à repenser les événements antérieurs et surtout à savamment apprécier l’interprétation tout en malice de Kevin Costner. Même si c’est loin d’être jubilatoire et retors comme chez un De Palma (Snake Eyes, de lointaine parentée), Fin spoiler,ne vous fiez pas aux apparences ce Sens unique (sortie Blu-Ray/DVD chez BQHL), vaut le détour.