À l’hôpital de la Timone, à Marseille, dans le service de réanimation pédiatrique, Sélim, trois mois, attend une transplantation cardiaque et Luna, neuf mois, une greffe de foie. Dans le quotidien de leurs parents, la peur et la peine côtoient la joie et l’espoir. Ils luttent jour et nuit, portés par leur amour et leur courage, épaulés par une équipe médicale dévouée, pour ramener leurs enfants à une vie normale.
Revivre débute et finit sur l’image d’un hélicoptère qui se pose sur le toit de l’hôpital de la Timone. Dans ce lieu de vie, de survie, les patients filmés par Karim Dridi sont de petits êtres, déjà vêtus de tuyaux, avec en arrière-plan sonore continu des machines, des respirateurs, des perfusions. Karim Dridi va se focaliser sur deux couples de parents dans un service de réanimation pédiatrique. Des couples tantôt anxieux, tantôt résignés, parfois plus combatifs face à leurs bouts-de-choux luttant avec opiniâtreté et courage en attendant leur greffe cardiaque ou hépatique.
Mais Revivre n’est pas un documentaire comme tant d’autres : en effet, il insiste et souligne l’importance de la relation bouleversée et bouleversante entre très jeunes patients et parents. Deux patients au pronostic vital sévèrement engagé : soit du fait d’un cœur usé, soit d’une insuffisance hépatique. Avec l’espoir final d’une greffe qui dépend de deux facteurs : sa disponibilité et le rang sur la liste d’attente. Attente que les parents subliment par des journées passées avec leur enfant à l’hôpital, dans une chambre où la vie continue, avec des rires, des jeux, des visages fermés, des tensions, des pleurs.
Karim Dridi, cinéaste trop rare, s’essaie avec Revivre dans une veine plus assagie que celle de ses œuvres précédentes : celle d’un filmage et d’un montage prenant le soin et le temps de vivre avec les différentes étapes émotionnelles et humaines des parents face à la douleur et la maladie de leurs petits. Mis sur le devant de la scène et de la caméra, sans apport de l’extérieur, mais avec des échanges très pédagogiques et empathiques des soignants, ces « parents courage » deviennent de véritables héros, loin des hyperboles cinématographiques. Karim Dridi laisse parfois s’échapper une parole, accompagnant sobrement les propos et les doutes des parents, sans affect, sans lourdeur. Ici, point de pathétique facile, c’est le courage, la fortitude qui parcourent le film. La haie d’honneur du service hospitalier lors de leur départ heureux s’avère largement mérité.
Revivre nous apparaît finalement comme un documentaire altruiste et subtil, évitant les facilités de la sensiblerie, loin de toute afféterie, avec un hommage à toute cette humanité dont nous ne parlons jamais assez. Un cinéma généreux, de lutte, pour revivre, après les épreuves, avec joie et force d’âme. Et un film qui prend le temps de laisser s’imprimer dans nos rétines des regards inoubliables : ceux des enfants, les yeux grands ouverts vers les mystères de la vie.