Un documentaire extrêmement singulier sous forme de guide spirituel. Le film se divise en quatre chapitres, les mêmes que dans le livre : D’abord la souffrance, Articuler, Survivre, Frapper là ou ça compte. Il reprend méticuleusement les propos et la structure de l’essai de Michel Houellebecq d’où il tire son titre. Houellebecq joue d’ailleurs lui-même dans le film, à peu de chose près son propre rôle, comme il a en a l’habitude depuis L’enlèvement de Michel Houellebecq ou Near Death Expérience.
Il y est principalement question du fil ténu entre l’absence de souffrance et la mort ; si la souffrance est à l’origine du poète, celui-ci doit s’efforcer de trouver l’équilibre pour ne pas se laisser mourir. Survivre à la société tout en conservant sa particularité. Sa folie lui permet de créer mais c’est aussi elle qui lui donne envie de mourir. Les cinq portraits que dresse le film sont sincères, émouvants et illustrent parfaitement le guide par leurs expériences individuelles de la folie.
Le film, loin de trahir les propos de Houellebecq, comme on le craint toujours d’une adaptation, vient les sublimer et les amener plus haut encore. Véritable collaboration artistique, Iggy Pop — narrateur en voix-off — est la part qui manquait à cet essai de Houellebecq pour toucher au-delà du public a priori concerné par le guide. Il réussit ce tour de force : parler aux sains d’esprit depuis chez les fous, branché sur une fréquence inconnue. En nous lisant les passages de ce guide a priori destiné aux marginaux, Iggy Pop fait figure de passeur entre les deux rives bien qu’il nous répète que nous n’étions pas invités — « you were not invited ».
