Première édition du Festival International du Film Politique

Article écrit par

Du 4 au 8 décembre 2018 se tiendra la première édition du Festival International du Film Politique à Carcassonne. Petite incursion au coeur d’ une programmation prometteuse.

Comme une bonne augure, la première édition Festival International du Film Politique (FIFP) qui se déroulera du 4 au 8 décembre 2018 au cœur de la Cité médiévale de Carcassonne, aura comme soutien officiel Costa Gavras, auteur du très important Missing, palme d’or 1982 à Cannes. Cette première édition du FIFP est un événement en soi car jamais jusqu’à maintenant un festival en France ne s’était consacré exclusivement au cinéma politique. Mais comment peut-on définir le « cinéma politique » ? C’est celui qui s’intéresse à la société, à ses convulsions, à ses conflits, à l’Histoire, aux grands hommes, aux révolutions, à la guerre…Mais aussi à la politique en tant que propagande ; il est dans ce cas au service d’une idéologie, d’un régime et il est alors éminemment « politique », dans le sens qu’il défend un camp, une couleur, un drapeau. Pourtant, nul besoin d’être Eisenstein ou Leni Riefenstahl pour entrer dans la catégorie. On peut considérer simplement que chaque cinéaste qui s’intéresse à la société fait des films engagés. C’est une ligne de démarcation claire pour définir ce cinéma car ce dernier a pour but – a minima – de proposer une vision du monde, d’éclairer les consciences alors que le les films de divertissement ou strictement intimistes flatteront uniquement l’individu. C’est donc au cinéma tourné vers la société, le destin collectif, qu’Henzo Lefèvre et Etienne Garcia, les deux jeunes fondateurs et organisateurs du FIFP, ont décidé de se consacrer avec ce projet ambitieux et novateur.

Deux compétitions parallèles auront lieu : une compétition Documentaires et une compétition Fictions. Dans cette dernière signalons la programmation de The Front Runner de Jason Reitman, en avant première, où il est question de l’histoire de Gary Hart, candidat démocrate malheureux à la présidence des États-Unis, en 1988. Le secret des Kennedy de John Curran, lui aussi sélectionné, est à rapprocher de The Front Runner car ils traitent et l’un et l’autre de scandales (tirés de faits réels) qui ont touché des poids lourds de la politique américaine contemporaine. Citons aussi dans cette sélection, Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis, film sur la fin des idéologies et la déprime qu’elle engendre chez une jeune fille.

Dans la compétition Documentaires, signalons Le silence des autres d’Almudena Carracedo et Rober Bahar, sur la quête de justice de citoyens espagnols victimes de la dictature franquiste. C’est ce thème ô combien politique de la mémoire qui peut être bafouée mais aussi source de réconciliation dont il est ici question, et ce sera l’exil, sujet universel et on ne peut plus actuel, qui sera le thème de Je n’aime plus la mer d’Idriss Babel dans lequel ce dernier nous raconte le périple d’enfants, depuis l’Afghanistan, l’Irak, ou l’Érythrée jusqu’en Europe.

Signalons, hors-compétition, Le temps des militants, documentaire où les auteurs Juan Gordillo Hidalgo et Sandrine Mercier, se sont immergés dans l’intimité de trois militants d’obédiences différentes pendant la campagne électorale de 2017. À l’heure où les partis politiques et donc le militantisme semblent peser de moins en moins dans la vie de la cité, il sera passionnant de découvrir le portrait ainsi que les sources de motivation de ces jeunes gens.

Outre une très belle programmation avec des films qui nourriront de nombreux débats, les fondateurs du festival ont voulu œuvrer pour la jeunesse en organisant des projections accompagnées pour des scolaires. Cette démarche tient en un mot : la transmission. Elle est primordiale car c’est dans l’enfance que s’ancre l’ouverture sur le monde, dans l’enfance que l’on est le plus facilement émerveillé – y compris par des oeuvres soi-disant difficiles -, et c’est dans l’enfance que naît le désir. Et, en définitive, le cinéma n’est-il pas désir ?

Le programme : https://www.fifp-occitanie.com/


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…