Poupoupidou se présente comme une sorte de dualité purement lyrique, à l’image des premières minutes du film : la voix angélique de Candice, combinée à quelques plans de sa personne où blancheur et douceur ne font qu’un, le tout porté par une musique douce ; puis, brusque changement, chanson rock and roll, paysage gris, totalement enneigé, et un Jean -Paul Rouve mal rasé, affublé d’un très léger sourire. Ces premières minutes rendent parfaitement compte de ce louvoiement auquel Poupoupidou assujettit le spectateur. Le film ne cesse de passer du polar à la comédie, et emprunte quelques codes au genre fantastique (comme la voix d’outre-tombe de Candice). Une initiative des plus audacieuses qui repose néanmoins sur un souci de rester « trop » français ( et c’est là le problème), via ce recours sempiternel et parfois inutile à la comédie.
On aurait préféré que Poupoupidou soit avant tout un polar avec quelques scènes comiques servant intelligemment l’histoire, celles se voulant cent pour cent comiques dénaturant le film. A l’image de cette séquence où David Rousseau (alias Jean-Paul Rouve) explique à un policier les facultés de son ouïe, en l’occurrence celle de saisir le moindre détail d’un son. Scène surjouée et n’apportant rien, puisque le héros ne se servira pas de ce « don » au cours du film.
Il est vrai que la présence de Jean-Paul Rouve renforce à elle seule l’idée que Poupoudidou serait avant tout une comédie, mais c’est sans compter sur cet « autre » visage que l’ex Robins des bois nous propose. En l’occurrence celui d’un personnage passionné par l’univers sombre dans lequel il évolue, légèrement proche d’un roman de Stephen King ou de Twin Peaks. Cela se traduit par de nombreuses scènes « sans sourire », marquées par la mélancolie et l’obsession du héros pour la défunte Candice évoquant plus ou moins Laura d’Otto Preminger. Le reste du casting n’est pas en reste, imposant également sa part de noirceur et de comique à l’ensemble du film, épaulé par une mise en scène de grande qualité et une direction artistique sans défaut.
Quant au scénario, bien évidemment héritier du chevauchement des genres abordé plus haut, il nous propose une histoire singulière dont l’idée principale, assez originale, tourne autour de la mort incompréhensible de Candice, doublée de l’obsession de cette dernière pour Marilyn Monroe, dont elle pense être la réincarnation. Plutôt bien équilibré pendant la majeure partie du film, l’histoire devient un poil too much au cours des trente dernières minutes, dans le sens où les dernières péripéties (notamment sous la forme de flashbacks mettant en scène Candice), et la façon dont-elles sont scénaristiquement traitées sieraient sans doute davantage à un film américain.