Paris

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Après ses escales à Barcelone, Londres et Saint-Pétersbourg, Cédric Klapisch revient à Paris, ville qui a marqué ses débuts avec Chacun Cherche son Chat. Cependant, 12 ans se sont écoulés depuis, et le statut de Klapisch a changé. Fort de ses succès, il a obtenu ses galons de réalisateur bankable, statut non négligeable auprès des […]

Après ses escales à Barcelone, Londres et Saint-Pétersbourg, Cédric Klapisch revient à Paris, ville qui a marqué ses débuts avec Chacun Cherche son Chat. Cependant, 12 ans se sont écoulés depuis, et le statut de Klapisch a changé. Fort de ses succès, il a obtenu ses galons de réalisateur bankable, statut non négligeable auprès des producteurs. Les conséquences directes se répercutent sur le casting quatre étoiles dont Paris est composé : Romain Duris en tête, suivi de Juliette Binoche, Albert Dupontel, François Cluzet, Mélanie Laurent, Gilles Lelouche… Mais le véritable personnage du film ne devrait-il pas être Paris, comme son titre l’indique ?

Paris raconte la vie d’un parisien, Pierre (Romain Duris), qui apprend qu’il est malade. Son état et l’attente de la mort lui procurent un regard neuf, par lequel la vie des autres devient omniprésente. Des maraîchers, une boulangère, une assistante sociale, un danseur, un architecte, un SDF, un prof de fac, une mannequin, un clandestin camerounais… Tous, malgré leurs différences, se trouvent réunis.

Aucun doute, le plan d’ouverture ne déroge pas au titre. C’est bien Paris qui est le point central du film. Un cadrage simple qui annonce d’emblée la lourdeur et le principal défaut du film : Paris ne restera qu’une vision de carte postale, celle des clichés vendus aux touristes, à la fois banale, distante, vide. Le discours de Klapisch demeure neutre et superficiel ; ni amour sublimé, ni haine, ni déception. Qu’a-t-il voulu montrer ?
Ainsi qu’en témoignent les points de vue depuis la Tour Montparnasse, le Sacré Cœur et autres hauteurs, Cédric Klapisch ne descend pas dans les rues, dans les artères qui font Paris. Au contraire de Chacun Cherche son chat, ce n’est pas un quartier qui est peint, mais la ville, dans sa globalité. Tâche difficile, et constat d’échec. Le réalisateur ne fait pas ressentir l’âme de la ville, son quotidien, si bien exposé par le coréen Hou Hsiao Hsien dans le récent Voyage du Ballon Rouge. Il préfère demeurer simple observateur, en marge. Paris reste ainsi un décor parmi tant d’autres, et non pas le personnage éponyme auquel semblait pourtant rendre hommage le titre. Le film de Klapisch, œuvre chorale, perd alors le seul pilier capable de détenir suffisamment de force et d’empathie pour unifier des personnages en mal d’amour et apeurés par l’idée de la mort.

Alors, Klapisch connaît-il vraiment Paris ? Malheureusement, les ressorts employés par le réalisateur pour dévoiler la ville lumière sont rares, et aussi décevants que les vues d’ensemble : musiques et mots. Sous l’égide d’un Fabrice Luchini pratiquant sa propre parodie, seules les lectures de livres d’Histoire semblent capables de redonner une identité à la cité.

Paris n’est pas un film urbain, plutôt la description lassante et convenue, après le triste film de Lelouch, de la vie des parisiens. Quel grand intérêt réserver à cet entrelacement de vies, réunies autour du fil ténu et parfois artificiel qu’incarne Pierre ? Car, mis à part le duo Duris-Binoche, les autres personnages ponctuent le film d’une présence furtive et les idées s’essoufflent rapidement. Finalement, Paris est comme la ville : il y a à prendre et à laisser : laisser les séquences pseudo-politiques sur les immigrés, réduire le nombre de personnages et celui des séquences musicales.

Titre original : Paris

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Durée : 130 mn


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