Noémie dit oui

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Noémie ne dit pas non hélas.

Le bon cinéma québécois

On le savait déjà : les Québécois savent faire du bon cinéma avec ou sans accent et Geneviève Albert nous le prouve encore une fois. Après avoir terminé ses études de cinéma à Montréal, la cinéaste québécoise se tourne d’abord vers la réalisation documentaire et la prise de son. En 2008, elle réalise un premier court-métrage de fiction, Reviens- tu ce soir?, suivi de La traversée du salon en 2011 qui voyagent dans les festivals en y glanant des prix. En 2012, elle s’envole vers Los Angeles pour y interpréter un rôle dans le spectacle Iris du Cirque du Soleil. De retour à Montréal en 2014, elle se consacre de nouveau au cinéma et commence à écrire son premier long-métrage de fiction Noémie dit oui, qu’elle réalise en 2021 et qui obtiendra en 2022 le Valois des étudiants francophones au 15e Festival du film francophone d’Angoulême. Et qui sort sur nos écrans français pour nous surprendre encore une fois. Le cinéma québécois est un cinéma qui n’a pas froid aux yeux, qui ne se laisse pas intimider et qui dit ce qu’il faut dire presque sans langue de bois. Ici, la réalisatrice attaque frontalement les problèmes de la société mais d’une manière beaucoup moins elliptique et bien-pensante qu’en France. Certes on pourra toujours objecter que les films de ce style ne manquent pas, mais Noémie dit oui est unique par sa fraîcheur, sa violence maîtrisée et son franc-parler. 

Franchissement des limites par le Web

On pourrait pitcher le film ainsi que le fait le dossier de presse mais ce serait lui ôter toute subtilité car le Zach en question n’est pas à proprement parler un proxénète, il se conduit comme tel car la société dominée par le Web le lui permet facilement et le film est justement la condamnation d’un monde qui court à sa perte de par l’abandon des repères et des limites comme si tout maintenant pouvait être ou vendu, ou sublimé ou saccagé. Et ce sont les jeunes, comme Noémie par exemple, qui en font les frais. « Noémie, une adolescente impétueuse de quinze ans, vit dans un centre jeunesse depuis trois ans. Lorsqu’elle perd tout espoir d’être reprise par sa mère, Noémie fugue du centre en quête de repères et de liberté. Elle va rejoindre son amie Léa, une ancienne du centre, qui l’introduit dans une bande de délinquants. Bientôt, elle tombe amoureuse du flamboyant Zach qui s’avère être un proxénète. Fin stratège aux sentiments amoureux ambigus, Zach incite Noémie à se prostituer.

Pourquoi Noémie dit oui ?

Récalcitrante au départ, Noémie qui est très jolie finit par dire oui. Et c’est tout l’art de la réalisatrice qui tente de faire comprendre, non pas admettre bien sûr, pourquoi finalement Noémie consent à vendre son corps : par amour, par défi, par provocation ? On ne le saura pas vraiment, mais on connaîtra par elle ce qu’est la souffrance, qu’elle soit d’amour, de classe sociale ou de solitude. Noémie dit oui s’avère être une tragique et belle peinture de la jeunesse actuelle, de ses espoirs et de ses renoncements, une peinture aussi de la famille, de la justice et des institutions qui tentent ce qu’elles peuvent pour sauver ces encore un peu enfants qu’elles voient s’enfoncer dans la drogue et la prostitution. Alors oui, notre monde néolibéral, on peut le dire, est vraiment malade. Noémie dit oui nous en tend un énième miroir, saurons-nous nous y reconnaître ? 

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