Monsieur Constant

Article écrit par

Un vieil ermite renaît à la vie tout à coup.

Film singulier

Ce petit film pourrait concourir dans la catégorie Film singulier du Syndicat français de la Critique de cinéma tant il est inclassable et il pourrait même gagner. Certes, il est imparfait mais il est touchant car on y sent vraiment le courage et la passion que son réalisateur y a mis. C’est le genre de petit film fauché qui donne l’impression d’avoir coûté une fortune. Deuxième long-métrage après O Gengis (avec Omar Sharif et Jean Reno qui ont prêté leur voix), Monsieur Constant a été tourné à l’île aux Moines en Bretagne et en partie à Moscou. C’est l’histoire d’un vieil ours qui vit en ermite après avoir perdu sa femme et s’être fâché avec son fils. Mais, par un concours de circonstances, il va être obligé d’héberger sa petite fille quelques jours dans son île et sa vie va s’en trouver transformée. Il pardonnera et revivra, c’est donc un film sur la résilience comme on dit maintenant pour avoir l’air moderne. Alan Simon est aussi chanteur et musicien et il nous offre un film à la fois tendre et maîtrisé sur un homme seul, avec de belles photos de Charles-Hubert Morin. Il met surtout en scène bon nombre d’acteurs et d’actrices qui sont assez bien dirigés, à commencer par le héros du feuilleton français, Thierry La Fronde. Jean-Claude Drouot a ces mots dans le dossier de presse du film : « Dans les années 1960, Thierry La Fronde ressemblait au jeune homme que j’étais. Et je n’hésite pas à dire que Monsieur Constant est sans hésiter le vieillard que je suis aujourd’hui ! » Ce n’est pas étonnant et, avec beaucoup de délicatesse, Alan Simon réunit une équipe de comédiens qui fonctionnent bien entre eux tels que le chanteur Cali dans le rôle du fils, Danièle Evenou, Jean-Yves Lafesse (dont c’est la dernière apparition), Sacha Bourdo, Gabrielle Pélissier (jeune révélation du film), sans oublier le grand acteur russe Mikhaïl Zhigalov. 

 

L’amour et la musique

Il est vrai que ce film sentimental pourrait énerver des gens pressés ou cyniques, en raison du fait que c’est l’amour qui en est son thème principal à travers le souvenir de la femme aimée pour toujours et toujours présente malgré la mort. Sujet tentant mais ô combien casse-gueule et on peut dire que le réalisateur s’en sort plutôt bien malgré quelques longueurs et quelques petites maladresses. « L’amour éternel est une question existentielle pour tout un chacun, explique-t-il dans le dossier de presse du film. Même les plus cyniques d’entre nous rêvent au grand amour au plus profond d’eux. Le film parle de cet amour rencontré mais disparu. Monsieur Constant parle de ceux qui nous ont faits ; ceux que l’on a profondément aimés et qui nous ont quittés trop tôt. Ceux qui sont toujours vivants au plus profond de nous ! Il n’y a pas de sujet plus fort que l’amour. » On le constate dans la plupart des films que l’on distribue depuis que le cinéma existe et celui-ci a le mérite de sa sincérité. 

Titre original : Monsieur Constant

Réalisateur :

Année :

Genre :

Pays :

Durée : 108 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Journal intime

Journal intime

Adapté librement du roman de Vasco Pratolini, « Cronaca familiare » (chronique familiale), « Journal intime » est considéré à juste titre par la critique comme le chef d’œuvre superlatif de Zurlini. Par une purge émotionnelle, le cinéaste par excellence du sentiment rentré décante une relation fraternelle et en crève l’abcès mortifère.

Été violent

Été violent

« Eté violent » est le fruit d’une maturité filmique. Affublé d’une réputation de cinéaste difficilement malléable, Zurlini traverse des périodes tempétueuses où son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Cet été
violent est le produit d’un hiatus de trois ans. Le film traite d’une année-charnière qui voit la chute du fascisme tandis que les bouleversements socio-politiques qui s’ensuivent dans la péninsule transalpine condensent une imagerie qui fait sa richesse.

Le Désert des tartares

Le Désert des tartares

Antithèse du drame épique dans son refus du spectaculaire, « Le désert des Tartares » apparaît comme une œuvre à combustion lente, chant du cygne de Valerio Zurlini dans son adaptation du roman éponyme de Dino Buzzati. Mélodrame de l’étiquette militaire, le film offre un écrin visuel grandiose à la lancinante déshumanisation qui s’y joue ; donnant corps à l’abstraction surréaliste de Buzzati.