Memoria

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Film étrange et captivant pour préparer la mémoire de ce monde finissant.

Prix du jury à Cannes

Le réalisateur thaïlandais, Palme d’or en 2010 pour Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, est le chouchou de la Croisette où il ne compte plus les récompenses diverses et variées notamment le prix du jury en 2004 pour Tropical Malady, et le prix Un certain regard en 2002 pour Blissfully Yours… Cette année encore, il y reçoit le prix du jury ex æquo avec Asghar Farhadi pour Un héros. Le festival de Cannes aura bien oeuvré pour faire connaître ce cinéaste au monde entier, sans doute parce que notre société post-industrielle y trouve comme un supplément d’âme. Et avec Memoria, nous sommes servis. Quittant le sol thaïlandais, sa brousse et ses esprits, Apichatpong Weerasethakul pose sa caméra en Colombie et utilise le talent d’une actrice star, Tilda Swinton, et d’autres acteurs internationaux comme Daniel Giménez Cacho, Juan Pablo Urrego ou encore Jeanne Balibar, cette dernière sans doute proposée par la coproduction française pour une sorte de road-movie métaphysique dont il a le secret.

 

Road-movie métaphysique

Aidé de la toujours belle lumière et la photo impeccable du directeur de la photographie et réalisateur thaïlandais, Sayombhu Mukdeeprom qui était présent notamment sur le plateau d’Oncle Boonmee…, Apichatpong Weerasethakul continue à explorer le slow cinema comme on pourrait le qualifier en privilégiant les plans séquences, les lenteurs et la narration flottante. On ne sait plus trop bien ce que vient faire ici Jessica, cultivatrice d’orchidées installée à Bogota et qui part retrouver sa soeur malade dans l’intérieur du pays. Elle est à la recherche de l’origine de ce son sourd qui la hante toutes les nuits, qu’elle est bien sûr la seule à entendre. Est-ce le bruit de la fin du monde qui approche, est-ce la terre qui gronde ? On ne le saura jamais.

Hommage à la brousse avec qu’on ne l’éradique

Son amitié avec le jeune Hernán, musicien qui parvient à le reconstituer numériquement, la conduira à rencontrer des êtres fantomatiques, comme de faibles lueurs à la surface de cette Terre étrange, comme une infirmière, une archéologue, un solitaire qui lui ouvre, vers la fin du film, la voie vers cette chère brousse qu’Apichatpong Weerasethakul n’a pas oubliée et à laquelle il rend encore une fois hommage pour son mystère et son immensité. Avant qu’on ne l’éradique ?

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