De ce point de vue, c’est à peu près intégralement raté : si Mea Culpa est très aidé par son acteur principal (Lindon sait tout faire), il se plante systématiquement dès qu’il traite de l’individu, tente d’infiltrer le pur divertissement par l’humain et l’affect. Père démissionnaire, vieilles blessures enfouies, héros déconnecté du monde, policiers guerriers – les clichés s’empilent sans que Cavayé s’en émeuve le moins du monde, le pathos n’étant de loin pas son pire ennemi depuis le début de ce qu’il appelle une “trilogie”, entamée avec Pour elle et poursuivie par A bout portant en 2010 (les séquences de harcèlement au travail en sont le pire exemple, idée totalement inintelligible, sans aucun raccord avec le reste). Cet aspect très français du cinéma de Cavayé trouve son contrepoint parfait dans ses envies d’ailleurs, qui marquent Mea Culpa tout du long et tentent d’inscrire le film presque dans une nouvelle manière de faire du thriller : avec nos produits locaux (et le budget ad hoc, ici environ 20 millions d’euros) mais à l’américaine, en assumant totalement sa visée d’entertainment.
Et le spectacle, lui, est très honnêtement assuré. Filmant chaque course-poursuite (et il y en a un sacré paquet), chaque fusillade comme si elles constituaient le climax du film (dans des plans moins clippesques que dans un film d’action lambda, mais des couleurs saturées pas toujours du meilleur effet), Cavayé s’en donne à coeur joie, et tant pis pour la vraisemblance. Qu’importe la morale douteuse des flics et le pedigree des membres de la mafia (crâne rasé, hargneux, et tous originaires d’Europe de l’Est, bien entendu), on ne peut pas dire que Mea Culpa manque de rythme. Surtout, il y a là une ribambelle de décors plutôt imaginatifs, comme ce TGV lancé à pleine allure et théâtre de la confrontation finale. Pas besoin d’évoquer une violence un peu gratuite et un dénouement aussi convenu que mal chapeauté, l’efficacité est à son comble, et on n’en attendait déjà pas tant.