Hors d’œuvre dans les films Grindhouse de Tarantino et Rodriguez, Machete apparaissait alors comme une fausse bande-annonce, parodie d’œuvres populaires qui ont bercé leur adolescence. En France, ces bandes annonces (on retrouvait aussi celle d’Eli Roth) ont connu leur heure de gloire avec les éditions DVD, mais surtout sur Internet, où les plates-formes vidéo comptabilisaient un nombre de clics impressionnant pour ces quelques minutes de films.
Fier de ce succès, Robert Rodriguez a voulu, autour de ces premières séquences montrées, créer une histoire complétant son immersion dans le cinéma populaire des drive-in. Mais ce film était surtout l’occasion pour le réalisateur texan de mettre en avant son acteur fétiche, Danny Trejo, trop souvent cantonné à des rôles de second plan. Il reprend ici un de ses personnages les plus connus, celui du lanceur de couteau déjà survenu dans Desperado (1995). Cet acteur au faciès buriné et aux tatouages apparents campe donc ici la figure de ce renégat, tueur à gages indestructible.
Robert Rodriguez reprend un thème déjà amorcé dans nombre de ses films : la frontière qui sépare la culture mexicaine de l’américaine. Dans Desperado 2, il était une fois au Mexique (2003), le cinéaste, dans une forme de « néo-western » avec un Johnny Depp caméléon, contaminait les espaces par une migration des corps et des styles avec une accumulation d’images empruntées à Léone. Dans Machete, c’est le fameux mur qui sépare les deux pays qui est le centre du film et des conflits. Des milices fascistes armées, sous le contrôle d’un général Custer (Don Johnson dans l’un de ses meilleurs rôles) avide de sang et de race pure, gardent sauvagement les terres du pays à la bannière étoilée.
Rodriguez cherche ainsi surtout à remettre au goût du jour les films de son enfance. On peut regretter que Machete n’offre pas plus d’effets esthétiques de séries B, se souvenant que dans son précédent film, Planète Terreur (2007), la pellicule manquante, ainsi que ses rayures ou encore le feu qui la brûle lors de la séquence de sexe avec Rose McGowan, apportaient une touche visuelle importante. Ici, le cinéaste ne tente plus cette approche stylistique, seuls le scénario et l’ambiance générale (avec la musique, mais aussi le sexe omniprésent) permettant d’intégrer ce film dans le cinéma Grindhouse.
Rodriguez est tombé dans le piège du succès de sa bande-annonce, l’histoire étant finalement cousue autour des seules scènes qui ont attiré l’enthousiasme, sans parvenir à créer entre elles une véritable cohésion. Hormis ce défaut, le film est un pur moment d’action et d’univers pop, proche des plus grands films des années 80-90. Le casting, digne de celui de Stallone pour son Expendables, tient le film de bout en bout et offre de grands moments de bonheur. On y trouve notamment dans le rôle du sénateur avide un Robert de Niro très proche d’une caricature de George W. Bush, mais aussi Lindsay Lohan en nymphomane exposant ses frasques sur Internet qui finit en nonne tueuse. Robert Rodriguez signe avec Machete un film jouissif qui, malgré ses erreurs, parvient à tenir son pari : celui de nous faire passer un bon moment.
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