Lucky Luke

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Un casting sympa, un premier degré judicieux, et de bien belles couleurs : ce « Lucky Luke » joue la carte de l’hommage plutôt que du pastiche. Et ça marche ! Idéal pour les vacances scolaires.

Même pas peur ! Ce qu’il y a de bien, avec une star débonnaire comme Jean Dujardin, c’est que lorsqu’elle se confronte à une légende – mitonnée par les facétieux Morris et Goscinny cela étant –, personne ne songe un instant à lever l’ombre d’un sourcil. Jeannot le chanceux versus Lucky Luke : c’est, de toute façon, le grand public qui y gagne ! Mieux : c’est parce que Dujardin sait jouer plaisamment, sans trop d’effets, de son statut d’icône familiale qu’il incarne comme personne ce personnage de BD intègre et un poil mutique, avec lequel tout le monde, peu ou prou, a grandi.

Délaissant donc provisoirement la bêtise jubilatoire d’OSS 117, voilà que l’aimable comédien retrouve le réalisateur de Brice de Nice, James Huth, pour s’engouffrer dans la « western comedy » (et non le western spaghetti, même si l’ombre de Sergio Leone plane de bout en bout). Nul dixième degré : ce Lucky Luke-là respecte l’esprit initial de la bande dessinée, à savoir un hommage bien plus qu’un pastiche de John Ford (ou du maestro Leone). Les grands enfants français qui s’agitent sous nos yeux (joli casting) convoquent ainsi, avec une évidente gourmandise, tous les clichés du seul mythe véritable auquel ils n’auraient jamais pensé pouvoir accéder : celui de la conquête de l’Ouest, avec ses bons, ses brutes, ses truands, ses belles de saloon, et ses duels au soleil.

James Huth, qui n’est pas totalement manchot en terme de réalisation,  s’appuie d’abord sur les codes narratifs du genre (le secret de famille, la trahison, la vengeance, le rêve de la petite maison dans la prairie, aussi) pour mieux saturer de couleurs ses décors et ses personnages qui, eux, par leur extravagance, leur exagération, restent à la frontière du dessin. C’est juste, visuel et malin. Surtout, c’est plus original qu’une adaptation littérale. De fait, son histoire n’évoque aucune précisément écrite par Goscinny, mais toutes à la fois. Certes, les grincheux n’y retrouveront ni les frères Dalton, ni l’inénarrable Rantanplan. En revanche, Joly Jumper (qui parle, via la voix de Bruno Salomone) et toute une galerie de bandits légendaires – tiens donc ! – s’invitent à la fête. Et c’est la vraie bonne idée du film.

Rebondir sur le manque d’éclat du héros – il tire plus vite que son ombre mais est peu causant, le Lucky… – en lui associant, tour à tour et comme par « antiphrases », Calamity Jane, Billy the Kid ou Jesse James. Trois personnalités hénaurmes, bouffons formidables, que leurs interprètes respectifs (Sylvie Testud, Michaël Youn et l’inattendu Melvil Poupaud) investissent sans craindre une seconde le ridicule, tandis que l’impassible Lucky Luke, lui, reste d’humeur égale. Non seulement ce premier degré est payant (succès garanti auprès des enfants), mais il complète l’élan initial du projet : en découdre avec les légendes, certes, mais toujours avec plaisir et bienveillance. Bon enfant. En somme, jouer pour de faux au cow-boy, tout en faisant semblant d’y croire pour de vrai. C’est gagné ! 

Titre original : Lucky Luke

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Durée : 104 mn


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