Loup y es-tu ?

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Un autre regard sur la psychiatrie.

Des réponses à la peur du loup

Après le magnifique Sur L’Adamant de Nicolas Philibert, Ours d’Or à la Berlinade 2023, voici un nouveau documentaire qui met en scène des personnes fragiles psychologiquement. Mais ici, il s’agit surtout d’enfants et d’adolescents et Clara Bouffartigue insiste sur le rôle du personnel encadrant, notamment des psychiatres et des psychologues. C’est un parti-pris narratif qui se conçoit aisément et Loup y es-tu ? apportera des réponses à chacun car, au bout du compte, tout le monde – enfants, parents, adultes – a peur du loup, a peur de l’inconnu. Par le jeu, le dialogue, le silence, en famille, en groupe ou individuellement, les soignants cheminent pour les aider à grandir et à se débarrasser de cette peur insidieuse. Clara Bouffartigue, originaire d’Auch, est titulaire d’un diplôme de la Sorbonne et Loup y es-tu ? est son troisième documentaire après Quelques-uns d’entre nous en 2006 et Tempête sous un crâne en 2012. Ici elle aborde de manière à la fois distanciée et subtile la maladie mentale ou, en tout cas, le dérèglement du comportement ou les pulsions suicidaires en plaçant jeunes patients et patriciens ensemble dans le même lieu en compagnie des grandes oeuvres picturales de Nicolas de Staël, Matisse, Kandinsky, Miro, Chagall car l’esthétique s’inscrit dans la thérapie. 

L’équipe du Centre Claude Bernard

Car les films d’un cinéaste s’interpellent l’un l’autre, l’idée de ce film était déjà en substance lorsqu’elle filmait son deuxième long-métrage ainsi qu’elle le confie dans le dossier de presse du film : « Ce film est né de ma rencontre avec l’équipe du Centre Claude Bernard à Paris qui s’est faite autour de mon précédent film, Tempête sous un crâne. J’ai découvert avec eux un autre regard porté sur l’enfance et sur ses difficultés qui m’a bouleversée. J’ai mis cinq années à réaliser ce film. J’ai d’abord assisté aux réunions des soignants puis je suis allée dans les séances de soin des patients qui acceptaient ma présence. J’ai été frappée par la place faite aux parents, par l’approche de l’enfant dans sa globalité qui prend toujours en considération son environnement. » Avec des images et un son parfait – ce qui est important car le film est constitué essentiellement d’entretiens – de Clara Bouffartigue et un montage de Franck Nakache, on peut dire que ce film est une belle réussite. Il ne pose aucune jugement, mais peut aider tout le monde a devenir plus tolérant et plus à même de comprendre les problèmes psychologiques des jeunes, ce mot maintenant vraiment trop galvaudé et jamais utilisé dans le film du reste. Comme le déclare Roland Gori, professeur émérite de psychopathologie clinique à l’université d’Aix-Marseille, psychanalyste et auteur de nombreux essais publiés chez Les liens qui libèrent : « Ce film est une véritable  réussite. Nous sommes d’entrée de jeu propulsés dans le monde sensoriel de l’enfance et du jeu, entraînés parmi les jouets et les animations, bousculés par les danses colorées et chatoyantes du rêve et des rires, subjugués par les scènes de théâtre des existences humaines, de leurs passions et de leurs angoisses. Nous sommes chahutés par le chaos des complicités comme des bouderies crispées de l’adolescence, par les vagues de tendresse impertinente des enfants requérant la présence authentique des adultes qu’ils aiment, jusque, parfois, la tragédie. »

 

Titre original : Loup y es-tu ?

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Durée : 85 mn


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