Un film exceptionnel sur la dépression post-natale porté par la comédienne allemande Susanne Wolff. « L´Etranger en moi » est une révélation plurielle.
Rebecca et Julian attendent dans la joie leur premier enfant. Ils mènent une vie paisible qui va bientôt être bouleversée par l’arrivée du bébé. Rebecca est effrayée par ce petit être fragile qui lui fait perdre ses moyens. La mère est incapable d’établir le contact avec son enfant qu’elle abandonne par peur de lui nuire. L’Etranger en moi d’Emily Atef est une démystification de l’instinct maternel que toutes les femmes sont supposées avoir dès les premiers vagissements de leur nouveau-né. Le scénario, coécrit par Emily Atef et Esther Bernstorff, tente de mettre en lumière un mal méconnu qui frappe 10 à 20% de femmes dans le monde.
La maladie, qui s’est emparée de Rebecca, se manifeste l’air de rien. La jeune femme n’arrive pas à prendre son nouveau-né dans ses bras juste après la naissance. Puis, elle a du mal à l’allaiter, une sorte de désintérêt s’installe, d’indifférence aux cris du bébé. L’indifférence se transforme bientôt en un sentiment proche de l’aversion au point que Rebecca décide de reprendre son activité de fleuriste. Julian, quant à lui, ne se doute de rien et travaille beaucoup pour permettre à sa compagne de prendre soin de leur enfant. Quand le chêne Rebecca finit par se déraciner, il est trop tard. La médecine doit prendre le relais pour soigner ce qui n’est autre qu’une dépression post-partum. La cinéaste franco-iranienne se fait méticuleuse pour raconter le « mal de mère » vécu sur grand écran.
En une heure et trente minutes, Emily Atef prend largement le temps de développer son sujet. Les faits sont clairement exposés, le cheminement mental de son héroïne est explicite mais ne va jamais de soi. Et ce grâce à la performance de celle qui incarne Rebecca, la comédienne allemande Susanne Wolff dans son premier grand rôle au cinéma (elle fait déjà sensation sur les planches). Dans un film peu dialogué, elle porte sur son visage les doutes, la détresse, les interrogations, mais aussi les espoirs d’une femme en souffrance. Sa palette d’expressions est impressionnante : quand elle marque le rejet, se dévoile chez son psychologue, réapprend la relation mère-enfant auprès d’une thérapeute, se bat pour montrer qu’elle est de nouveau capable d’être responsable de son enfant ou encore tente de rassurer Julian qui craint de l’avoir perdue.
La vraisemblance et la subtilité prévalent dans L’Etranger en moi. Au bord du gouffre généré par sa propre maternité, Rebecca fait appel à sa propre mère. L’intrigue souligne également le malaise de Julian qui voit dans le rejet de leur enfant le sien propre. Lui qui n’a pas su voir la détresse de sa compagne. Enfin, la thérapeute qui aide Rebecca a elle-même vécu le drame de sa patiente. Tous les seconds rôles de ce casting participent à renforcer le personnage de Rebecca, Atef ne lésinant sur aucun détail et se servant même de la lumière naturelle pour mettre en relief l’incarnation du personnage. La cinéaste maîtrise parfaitement son film et lui insuffle de la vitalité, tout en préservant le rythme lent qu’exige un malaise si profond. Présenté à la Semaine de la critique à Cannes en mai 2010, L’Etranger en moi est une expérience inédite, vraie et hautement pédagogique.
Leni Riefensthal (1902-2003), opportuniste sans scrupule, a été une documentariste douée et un « compagnon de route » du nazisme, sans jamais le regretter jusqu’à la fin de sa très longue vie.
Par la satire sociale, cette comédie de moeurs tourne en dérision les travers de l’institution maritale. Entre Cendrillon et Le Roi Lear, la pochade étrille la misogynie patriarcale à travers la figure tutélaire de butor histrionique joué avec force cabotinage par Charles Laughton. Falstaffien en coffret dvd blue-ray.