Les films sur les Ados

Article écrit par

Le cinéma français a souvent choisi les adolescents comme thème de prédilection…

Ressource inépuisable depuis la Nouvelle Vague et ses compagnons de route (Jacques Doillon, Claude Pinoteau…), le jeune et ses thèmes corollaires (crises d’identité, premières fois, innocence, insouciance…) occupent majoritairement les scénarios. En 1995, un réveil, ou plutôt une prise de conscience de la société redéfinit le film d’adolescents. La Haine de Matthieu Kassovitz devient le paradigme d’un genre que l’on nommera désormais « les films de banlieues ».

Bien que ces thèmes aient toujours été discutés, cette année 2007 marque un retour aux films abordant cette tranche d’âge. Pas moins de cinq films, salués par la critique et/ou sélectionnés dans des festivals, sont sortis sur nos écrans : Naissance des Pieuvres de Céline Sciamma, Et toi t’es sur qui ?de Lola Doillon, L’année suivante de Isabelle Czajka; Charly de Isild le Besco et Regarde-Moi de Audrey Estrougo. Unis sur le fond, ces premières réalisations de longs-métrages se distinguent par leur forme et leur impact psychologique. Chacun adopte une méthode didactique et la peaufine pour étudier et soumettre au regard l’adolescent d’aujourd’hui. Céline Sciamma plonge le spectateur dans un univers onirique et mystérieux tandis qu’Audrey Estrougo s’oriente vers la description d’une réalité sociale brute.

L’opportunité de porter un regard sur ces films et ce genre est toute trouvée: qu’est-ce qu’un film d’ado aujourd’hui ? Où se situent-ils, entre héritage et innovation ?

Film pour ados ou pour adultes sur les ados ?

Une question subsidiaire mais primordiale se pose d’emblée pour aborder ce sujet. Faut-il parler de films pour ados ou de films pour adultes sur les adolescents ? La différence de dénomination est maigre mais la nuance cinématographique vaste. Certains films comme American Pie de Paul Weitz ou Ghost World de Terry Zwigoff ainsi que La Boum en France ont ciblé leur public (14-18 ans). Ce genre de film est directement influencé par le « teenage-movie » (teenpic), né en 1973 avec American Graffiti de l’américain George Lucas. L’industrie hollywoodienne en a fait un véritable sous-genre à succès composé de codes, de scènes obligées, de musique rythmée et commerciale…Généralement, on y trouve un argument majeur (initiation à l’amour, passage à l’âge adulte, découverte des sentiments…), des personnages stéréotypés : le héros (beau et en révolte), la copine, les parents (dépassés par leur enfant), l’ennemi du héros (sportif, brutal et débile) ; des passages obligés (le lycée, la chambre). Pur cinéma de divertissement, il faut toutefois remarquer que des cinéastes plus indépendants ont été contaminés par ces codifications. C’est par exemple le cas de The Virgin Suicides de Sofia Coppola et d’Elephant de Gus Van Sant qui s’inscrivent à la fois dans un renouvellement du genre et dans sa continuité.

En France, cette année, l’influence du teen-movie se trouve dans Naissance des Pieuvres et dans Et toi, t’es sur qui ?. Ces deux films, sortis à quelques mois d’intervalle, se situent dans une ville française non identifiable. Au contraire, la ressemblance avec les résidences américaines y est flagrante. Ce choix montre la volonté d’intemporalité et d’universalité des histoires racontées. En ce qui concerne les sujets, ces deux premiers long-métrages se basent sur la découverte de l’amour et jouent sur la confrontation fille-garçon. Alors que les héroïnes de Naissance de pieuvres se résignent à fuir le groupe masculin pour découvrir le désir féminin seules, Elodie et Julie se confrontent directement à eux par jeux, méchancetés et tentatives maladroites. Film plus décevant, la réalisatrice de Et toi, t’es sur qui ? travaille ainsi sur le langage et le comportement, s’inscrivant dans une réalité quasi naturaliste.

Esthétiquement, certaines scènes de Naissance des Pieuvres empruntent au teen movie. La bande sonore, composée par Para One, de très grande qualité, est entraînante lors des parties et mystérieuse pour accompagner les errances des héroïnes. Les images très policées noient les personnages dans une atmosphère bleu-nuit inquiétante. C’est aussi dans ce film que l’influence des archétypes est la plus forte. Céline Sciamma a choisi volontairement trois stéréotypes pour que le spectateur puisse s’y identifier : la fille-femme « allumeuse », la boulotte et la maigrichonne timide et maladroite.

Mais à la différence des derniers opus américaines à l’humour « gras », Naissance des pieuvres et Et toi, t’es sur qui ?, ainsi que les autres films se définissent par un ton dramatique. Céline Sciamma a particulièrement accentué ce registre grâce à ses personnages silencieux, aux regards vides, et à l’atmosphère bleutée pesante et étrange.

« L’adolescence ne laisse un bon souvenir qu’aux adultes ayant mauvaise mémoire » Cette phrase de François Truffaut, parfait exemple du cinéaste hanté par l’adolescence, lance une piste sur le public visé. Les cinéastes revendiquent toutes, à l’exception peut-être d’Isild le Besco, une inspiration de leur propre adolescence. Leurs films semblent être des actes libérateurs et des regards rétrospectifs sur leur jeune passé d’adolescents. Audrey Estrougo, réalisatrice de Regarde moi, en est l’exemple le plus évident. Ayant été profondément transformée par son séjour en banlieue, son film est la retranscription d’un groupe de jeunes ados vivant en cité et surtout de Julie, son porte-parole.

Les films français sur les ados « cru 2007 » sont des propositions hybrides, mélange de teen-movie et de drame « français », rehaussées par une qualité esthétique. Ils semblent davantage destinés aux adultes qui souhaitent se tourner vers leur adolescence, comme les réalisatrices.

L’étude comportementale

Les films pour adolescents sont des cas à part dans le cinéma. Jamais ou presque un réalisateur n’intègre une histoire mêlant des adultes parmi les jeunes. Par conséquent, la ligne directrice choisie est celle de l’étude et de la compréhension. L’analyse est menée grâce à une démarche formelle précise et par une construction scénique en huis clos autour de la redondante question de l’amour. L’héritage des cinéastes d’avant 1995 y est forte, voire ancrée dans du marbre, avec toutefois quelques prises de risques.

La quête de vérité

Pour comprendre et analyser l’adolescent, le choix des cinéastes s’organise autour d’une mise en scène réaliste voire naturaliste. La technique visuelle la plus employée est alors celle du plan séquence qui capte la fraîcheur et la spontanéité des acteurs. D’ailleurs, les personnages sont souvent interprétés par des jeunes choisis lors de « casting sauvage ». Une des héroïnes de Naissance des pieuvres, Pauline Jacquart, fut par exemple repérée dans le Jardin du Luxembourg. Quant à Kolia Litscher, héros de Charly, il n’est ni plus ni moins le frère de la réalisatrice. La véracité et l’authenticité sont perceptibles à l’écran grâce à une confrontation directe avec les réactions et non pas à un jeu d’acteurs. Cependant rares sont les cinéastes à revendiquer un film autobiographique sur leur adolescence où l’aspect documentaire prime. Céline Sciamma a ressenti le besoin de parler de son adolescence en créant de toutes pièces une intrigue et des personnages fictifs, fruit de ces anecdotes et de son vécu. Un autre exemple justificatif provient du film d’Audrey Estrougo, transformée après son séjour en banlieue. Comme elle l’explique dans l’interview accordée au site Internet, son premier long métrage est à 100% une fiction : « J’ai tout de suite voulu mettre une distance en écrivant une fiction à 100%. Il y a tout de même des anecdotes personnelles ou de proches mais je garde l’aspect fiction tout au long du film. Cela me permet de ne pas avoir d’état d’âmes. »

Les dialogues détiennent également une part non négligeable dans l’aspect réaliste. Lola Doillon s’est ainsi focalisée sur la logorrhée, la tchatche et le registre employé par ses protagonistes. Le langage, percutant, rapide et ô combien crispant, est un indice temporel des années 2000. Toutefois, le vococentrisme masque la vérité et n’est que déviations. Il n’y a que les images pour certifier les attitudes. Deux films de 2007 favorisent ce regard : Naissance des Pieuvres et Charly, conte initiatique.

Renvoyant aux abysses les paroles inutiles et agaçantes, Céline Sciamma réussit, par une brillante esthétique, à cerner ses personnages et à construire son intrigue basée sur l’admiration mutuelle. Tout est jeu de construction hors champs et de réflexions inconscientes fécondées par les images. D’emblée, le titre ambigu et énigmatique nous indique la méthode requise. Cette métaphore renvoie à la jalousie et au désir mais également à cet animal monstrueux et angoissant. Tout au long du film, les effets visuels mais aussi les effleurements et gestes gauches nous indiqueront la peur de ces jeunes filles et surtout leur admiration mutuelle. Ce dernier thème étant déjà utilisé par Claude Miller dans L’effrontée et par Patrice Mazuy dans Travolta et Moi.

Univers différent mais tout aussi efficace : Charly de Isild le Besco. Dans son long métrage, l’actrice et réalisatrice signe une étude comportementale où le corps livre les clés de la personnalité de Nicolas. Se retrouvant cloîtré dans une roulotte, le garçon de 14 ans tourne en rond, regarde ses chaussures, déambule de façon débonnaire et maladroite toute la journée. Tel un ours en peluche, mou et aphone, sa silhouette encombrante marque de sa présence l’espace et le temps qui passe. Rien ne lui semble plus sérieux que l’ennui, le sommeil et l’attente. Lors de longues scènes, on ressent tout le poids du corps, métaphore de la pesanteur de cette étape. L’adolescent n’est plus un être psychologiquement conscient mais une matière en chair et en os dont le corps est usé et fragile. Le langage corporel supplante le langage vocal.

Le huis clos Pour tenter de cerner l’adolescent, les cinéastes ont recours au huis clos. Dans Naissances des pieuvres, la réalisatrice explique qu’elle souhaitait établir une sorte de radiographie de la féminité. Restituée grâce au point de vue unique des trois jeunes filles, elle crée un monde clos, occultant parents, garçons du même âge et marques sociales. Petit à petit, au naturalisme se mêle une sphère onirique. Le lieu réunissant ces deux registres est celui de la piscine, micro-société régie par ses propres règles et échappatoire au reste du monde. Espace de malaise pour Louise, de gloire pour Adèle et de fascination pour Marie, la piscine devient le centre parfait d’observation. Le spectateur peut disséquer et examiner chaque comportement et réaction différente. Cette méthode de l’espace fermé se retrouve dans Regarde-Moi (la cité) et dans Charly (la roulotte).

Le huis clos n’est pas seulement spatial mais aussi émotionnel. Aucune aide n’est apportée par l’entourage de l’adolescent qui se retrouve livré à lui-même, alternant entre asphyxie d’un lieu clos et recherche de liberté. Par exemple, Julie, héroïne de Regarde-Moi, ne parvient pas à obtenir l’attention de son père. A plusieurs reprises, elle tentera coûte que coûte d’obtenir l’aide de son père. Chahutée, frappée en pleine nuit par Fatimata et ses amies, elle rentre chez elle blessée et affaiblie. Son père dort sur le canapé et est inapte à un accueil réconfortant. Son seul remède est alors de quitter l’appartement pour errer seule sur les bords des autoroutes. Cette scène, la plus forte et la plus significative du long-métrage, renvoie à la solitude et l’incompréhension des proches.

Cette thématique de l’ado isolé se retrouve dans Charly et y est plus évidente. D’emblée, le spectateur devine que les parents de Nicolas ont disparu. Les premières images de Nicolas, avachi dans le canapé entouré de ses grands-parents ne laissent aucune doute. Pour combler cette absence, la prostituée chez qui il se réfugie se transforme en figure maternelle. Pour étayer ceci, des scènes cocasses d’autorités sont à mourir de rire. Mais le plus intéressant est de voir ce lieu comme hors du monde. En effet, la roulotte n’est pas uniquement un huis clos spatial mais aussi temporel. Cet espace est à part, un passage de transition avant le retour dans le monde.

Ce choix de monde clos évite de tomber trop facilement dans le piège de l’adolescent rebelle, vociférant contre quiconque et ses parents en premier lieu. Leur absence est d’ailleurs la preuve d’un monde sans lois, à part.

Réitérant la méthode « du confinement » de l’adolescent, les réalisateurs de ce cru 2007 dressent un portrait peu original des jeunes. L’ado se retrouve seul face aux problèmes de crises d’identité et de l’amour, disséqué sous toutes ses coutures. Que se soit le désir, le passage à l’acte ou la découverte du corps, les cinq films cités s’unissent autour de ce thème commun.

Le déséquilibre, le hasard L’avantage d’un film sur les adolescents réside dans la trame, l’intrigue quasi inexistante qui ouvre sur l’imaginaire. C’est aussi une preuve d’ouverture et de débat mais surtout de se rapprocher de la réalité. Façonnée d’irrégularités, l’histoire ne suit pas un schéma narratif classique (élément perturbateur, les péripéties et la résolution finale). Au contraire, le pilier et la force du scénario se situent dans le personnage, élément constructif de l’intrigue et en construction. Ainsi, il est logique de constater des à-coups, des ruptures, des passages à vides, de gestes violents au milieu de pauses poétiques. Le personnage regarde son enfance derrière lui et se projette dans son futur incertain d’adulte. Période d’attente, de patience et de tentatives vaines, le scénario suit son personnage individualiste. L’histoire est sans fin, sans destination précise. Ainsi, dans chaque film cité, un départ sous forme d’attente ou de tentative de fuite désespérée clôt le film. Dans Regarde-Moi et dans Et toi, t’es sur qui ?, les héros quittent leur lieu de vie en train et en voiture pour signifier un changement explicite, qui laissera malgré eux des marques indélébiles. Plus subtilement, Naissance des pieuvres et L’année suivante laissent un goût d’inachevé et de peur face à l’avenir qui s’ouvre. L’important n’est donc pas de se concentrer sur un propos mais bien sur un personnage.

L’ouverture au social et à l’onirisme

Comme on l’a vu, peu de variations existent en ce qui concerne les thèmes abordés. L’originalité et l’intérêt résident dans l’ouverture aux sujets sociaux et au défi concernant l’écriture et la réalisation. Cette prise de conscience de l’environnement adjacent est née grâce à la Haine en 1995. A partir de cette date, de nouveaux films ont impliqué la jeunesse pour proposer un regard sur leur condition au sein de la société et se sont concentrés sur la banlieue. En se penchant sur les conditions de vie des jeunes, ils ont ouvert un débat. Citons par exemple : Le petit Voleur d’Erik Zonca, Petit Frère et Trop Peu d’amour de Jacques Doillon, La barbichette de Kim Chapiron et L’esquive d’Abdellatif Kechiche.

Face à cela, le désir d’introspection s’estompe face à celui du cinéma. Les réalisateurs tendent vers une recherche formelle. L’adolescent ne devient alors qu’un prétexte aux maux de société et au plaisir du cinéma.

L’ouverture sociale

Faute de réconfort ou de confrontation directe avec leur parents, les adolescents trouvent un obstacle, une barrière voire un ennemi dans leur environnement. Par exemple, Regarde Moi s’immerge en banlieue parisienne tandis que L’année Suivante se situe dans une ville industrielle aux portes de Paris. Comme Audrey Estrougo en témoigne dans l’interview accordée au site Internet, le groupe de jeunes filmés n’est qu’un subterfuge pour extrapoler sur les maux de société. C’est sans aucun doute toute la puissance de son film. On n’en retient pas les dérives sentimentales mais les obscènes et inquiétantes montées de racisme, de haine, de reniement de soi. Pour prolonger ce sujet, sa mise en scène est composée de noirceur et d’effets de psychose. Une scène est immanquable pour sa signification : un Rap chanté par les filles de la cité réfutant la possible alliance des Noirs et des Blancs. Ce moment stupéfie grâce au glissement de la couleur vers le noir et blanc et par le cadrage en contre-plongée des jeunes filles. Pourtant, à aucun moment ce long-métrage ne se prétend être le porte parole des banlieues ou ne revendique un parti pris politique. Regarde Moi invente une histoire réaliste sans outrance ni pathos.

L’année suivante (récompensé au festival de Locarno 2006), premier film d’Isabelle Czajka, ne décrit pas les maux d’une adolescente face à la mort de son père mais la difficulté d’exister dans une banlieue aliénante. Filmée comme aux actualités, la cité-dortoir, son centre commercial, ses maisons alignées et le reste d’espace goudronné, est un personnage sans âme qui aveugle et asphyxie ses habitants contre leur gré. Cette ville dévoile davantage sur les souffrances de ses personnages et joue sur leurs malaises apparents. Le premier plan est pour cela significatif : la caméra filme un espace vert, sans doute une forêt, puis par un mouvement horizontal, le spectateur voit apparaître une colline, surplombant Paris. D’un côté, la capitale et son espoir de renouveau et de l’autre, la banlieue et son quota de douleurs. Cet endroit de l’entre deux est le seul espace de liberté et de rêve accordé à Emmanuelle. Ainsi, L’année Suivante, film injustement passé inaperçu outrepasse le film d’adolescents pour se hisser dans une investigation approfondie de l’être humain confiné dans un univers matérialiste. Entre conflit existentiel et extérieur, Emmanuelle prouve qu’elle n’est pas un porte-parole d’une classe d’âge mais simplement le reflet de chaque personne lambda subissant le même quotidien misérable.

Ces deux films de 2007 ont le mérite d’insuffler une dimension humaine et universelle qui ne se restreint pas aux adolescents. Partagés entre le plaisir de vie sociale et son rejet, ils cherchent une humanité et une individualité.

Le prétexte formel

Deux films font preuve de majesté en ce qui concerne la réalisation : Naissance des pieuvres et Regarde Moi. Leur qualité se loge dans leur capacité d’harmonisation entre scénario et réalisation. Naissance des pieuvres, récit de la découverte du désir et l’admiration, mélange teen-movie, naturalisme et onirisme. Au-delà de la confusion et d’une volonté de démonstration visuelle, Céline Sciamma use de son talent pour créer un univers propre à sa vision des adolescentes. Dans un style plus épuré, Regarde-Moi manifeste son originalité dans sa mise en scène de points de vue. En commençant par le regard des garçons et en concluant par celui des filles, la réalisatrice amplifie la séparation des sexes dans les cités mais aussi – fait plus grave- le reniement des femmes. Julie, héroïne du film, bien que démontrant une force d’opposition, s’est habituée et s’est conformée aux règles aux codes vestimentaires, aux principes de hiérarchies et au respect des clans. La prouesse scénaristique ne s’arrête pas là. Deux histoires distinctes peuvent être observées. Sans coupures abruptes ni pirouettes inadéquates, Regarde-Moi enferme ses personnages dans un cycle infernal restitué par la réalisation. Les références à Do the Right Thing de Spike Lee pour la progression dramatique et autres ténors du film d’ado comme Larry Clark font de Regarde Moi un film d’une grande maîtrise et d’une cinéphilie assurée.

Les films de cette année 2007 ne se distinguent pas par leurs thèmes mais par leur dimension humaine et la recherche formelle qui s’y déploie. Depuis peu, un glissement de l’âge des adolescents et les préoccupations qui y sont liées impliquent un questionnement sur ce genre. Qu’est qu’un film d’ado ? En réalité, le terme paraît obsolète et désuet. Plus rien ne spécifie ce genre de film. Genre inférieur parfois méprisé, leur ouverture sociale et leur complexité scénaristique les hissent à un genre fondamental dans la compréhension de notre société et de ses composants.

Faut-il cloîtrer un film dans le terme « film d’ado » sous prétexte que ses personnages ont entre 14 et 18 ans ? Faut-il occulter toute dimension artistique et sociale à ces films ?

Le panel des films, depuis quelques années, montre une toute autre réalité. Les adolescents sont plus âgés et s’émancipent plus rapidement. Ce n’est pas pour autant que leurs problèmes ne sont pas présents, mais ils les accompagnent comme un bagage et non plus comme une concentration essentielle, obsessionnelle et narcissique. D’ailleurs, un exemple permet de confirmer cette hypothèse. Les films sur les trentenaires ne seraient-ils pas des films sur de « grands ado ». Le néologisme « adulescents » n’était-il pas apparu récemment ? En regardant de plus prêt, on y retrouve les mêmes problématiques : un cap nouveau à dépasser (celui de la parenté ou de l’engagement), les difficultés amoureuses…


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi