Les Enfants de la nuit

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« Il y a des amours qui naissent comme une évidence. De leur histoire, on ne peut pas dire qu’ils en ignoraient l’issue fatale, on peut seulement dire qu’elle était inévitable. »

Caroline Deruas filme avec poésie et émotion, l’amour impossible dans le court métrage Les Enfants de la nuit, Léopard d’Argent au Festival de Locarno 2012.

C’est l’histoire d’Henriette, une jeune fille blonde et caractérielle, un poil garçon manqué, incarnée par Adèle Haenel. Henriette tombe follement amoureuse, voire passionnellement, de Josef, le beau Josef au regard doux et fougueux. Cette belle histoire d’amour aurait pu se jouer à notre époque, mais la réalisatrice a choisi de la situer au printemps 1944, et de confronter la jeune Henriette à un amour impossible, celui d’un soldat allemand, elle-même fille de résistants. En 26 minutes, Les Enfants de la nuit nous plonge dans ce récit catastrophe, cet amour caché aux yeux des gens du village, cet amour violent, violation des principes et de l’honneur d’une famille, d’un peuple, d’une nation. Captivée et bien documentée sur ces femmes tondues pour avoir noué une relation avec des Allemands en temps de guerre, Caroline Deruas a réalisé un court métrage des contradictions : doux et brutal, noir et blanc, amour et haine.
 
Femme cinéaste, femme du cinéaste Philippe Garrel, la réalisatrice signe avec ce court métrage une œuvre féminine, romanesque, inspirée de Truffaut. Une voix-off raconte l’histoire qui se déroule, annonce l’intrigue, bouscule les évènements, provoque une fin tragique. Une manière littéraire de revenir sur notre Histoire, plaisante ou déplaisante pour le public. Les Enfants de la nuit montre, avec ses 26 minutes de beauté et d’histoire, qu’un court voit loin, voit long.

Titre original : Les Enfants de la nuit

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Durée : 26 mn


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