Images en effet sépia, couleurs orangées lissées, le film joue la carte esthétique. Sans pour autant grignoter sur l’histoire, le réalisateur profite du cadre de son film pour donner du sens à ce décor où il semble bon de vivre, d’attendre et de réfléchir. C’est ce qu’il se passe pour Ruth, dans l’attente presque éternelle de son amour, Bob, dans sa patience de femme au foyer avec sa petite fille Sylvie, dans ses longues soirées à languir sur son canapé. Casey Affleck, avec son accent et sa voix fluette, son regard sombre et sa dégaine de cow-boy, incarne à la perfection ce faux bad boy amoureux. Il décide de s’évader de prison. Pour rejoindre, ou non, sa belle et sa fille. Quant à Rooney Mara, ce choix de casting n’étonne pas. Après avoir incarné une rebelle dans Millenium (David Fincher, 2012) puis une patiente hallucinante et hallucinée dans Effets secondaires (Steven Soderbergh, 2013), l’actrice joue cette fois-ci la carte de la mère à la fois douce, calme et en stand by. Un choix au diapason de ce film intimiste, tendre, bien réalisé.
Casey Affleck © Diaphana Distribution
De cette histoire, on ne retient que l’amour et l’attente, cette situation à deux doigts d’exploser, ce côté lisse et tendu à la fois, avec une séparation, des retrouvailles – peut-être – une envie, un désespoir. David Lowery a la capacité de montrer ce qu’est l’attente, ses silences parfois plus forts que des dialogues, ce romantisme et cette nostalgie involontaires que ses personnages vivent, font ressentir, dégagent. C’est sans surprise que l’on apprend la volonté du réalisateur de joindre à l’action de l’émotion, voire du vécu. Il dit d’ailleurs à ce sujet : « J’étais amoureux, je devais prendre d’importantes décisions qui chambouleraient ma vie et tout ceci s’est inscrit dans le scénario. Les notions controversées d’amour et de responsabilité ont pris plus d’importance dans l’histoire ». Les Amants du Texas réussit le pari d’être un film à la fois masculin et féminin, émouvant et poignant.
D’inspiration musicale folk, le film laisse entendre et découvrir un paysage américain authentique, sensible, entre rêve et réalité. Tout le scénario du film repose sur ces contrastes. À la fois proche d’un There Will Be Blood (Paul Thomas Anderson, 2008) dans l’idée, mais aussi d’un Tarantino romantique, le film est une excellente surprise tant par sa construction, son attention, que par sa chute.