Le Pressentiment

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Charles Benesteau, avocat au barreau de Paris, décide un jour de changer de vie. Il quitte alors le monde bourgeois auquel il appartient, divorce et s´installe dans un quartier populaire de la capitale. Sa famille et ses amis ne comprennent pas ce brusque revirement. Lui, en revanche, semble trouver son compte dans cette vie d´oisiveté […]

Charles Benesteau, avocat au barreau de Paris, décide un jour de changer de vie. Il quitte alors le monde bourgeois auquel il appartient, divorce et s´installe dans un quartier populaire de la capitale. Sa famille et ses amis ne comprennent pas ce brusque revirement. Lui, en revanche, semble trouver son compte dans cette vie d´oisiveté partagée entre la lecture et l´écriture de son roman, qu’il n’achèvera jamais… un peu comme sa quête ; quête d´une nouvelle vie se soustrayant aux convenances et au jugement des autres, en rupture avec son milieu d´origine.

Ce changement radical de vie apparaît comme une fuite. Une fuite dans laquelle Charles Benesteau espère se retrouver, retrouver sa véritable identité. Il tente peu à peu de se fondre dans ce nouveau décor auquel il souhaite appartenir, ce nouveau monde qu´il veut faire sien. Ce monde, plus << prolo >> que celui auquel il essaye d´échapper, il le pense meilleur, plus naturel. Il espère pouvoir y vivre discrètement et devenir invisible aux yeux des autres afin d´obtenir la quietude tant recherchée.
Mais la réalité finit par le rattraper en la personne de Sabrina. Il recueille chez lui cette adolescente dont la mère se trouve dans un coma provoqué par une violente dispute avec son mari. L´amitié qui va le lier à Sabrina n´échappe pas aux commérages des voisins, plus particulièrement des voisines, qui voient dans cette relation une liaison proche de la pédophilie. Il réalise alors que les gens qu´il côtoie désormais ne sont pas forcément meilleurs que ceux dont il cherchait à s´éloigner.

Pour son premier film en tant que réalisateur, Jean-Pierre Darroussin n´a pas choisi la facilité avec l´adaptation du roman d´Emmanuel Bove paru en 1935. La transposition à notre époque est réussie mais Jean-Pierre Darroussin se perd sur la fin. Le rythme lent du film traduit parfaitement le sentiment de cet homme qui cherche sa place dans la société mais qui arrive au constat que la fuite n´est pas meilleure que ce qu´on fuit. Peut-on réellement échapper au milieu dont on vient ? Un milieu vaut-il mieux qu´un autre ? De toute façon, n´est-on pas jugé par tous ? Voilà quelques questions que soulève le film.

Mais petit à petit, l´histoire s´embourbe et glisse dans une partie que l´on ne sait réelle ou imaginaire. Recette fructueuse pour certains films, mais ici le résultat n´est pas concluant. La mort qui fait alors irruption n´a pas vraiment de sens. Elle rôde autour de Charles Benesteau mais ne s´abat pas. Elle introduit simplement dans le film une impression de flottement dérangeante et difficile à interpréter.

Le personnage de Charles se perd, et le spectateur avec lui, sans que l´on sache où Jean-Pierre Darroussin veut nous mener. Le film laisse un sentiment d´inachevé. Charles Benesteau ne trouve pas sa place dans ce monde, mais le spectateur non plus…

Titre original : Le Pressentiment

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Durée : 97 mn


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