La méthode des réconciliations
Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, c’est le jeune et sympathique professeur de sciences économiques et sociales du lycée Eugène Delacroix de Drancy, Jérémie Fontanieu, qui a eu l’idée de ce film et qui l’a pensé et presque réalisé. Ça tombe bien, il est aussi le principal instigateur de cette méthode pédagogique dite de « réconciliations », avec son collègue de mathématiques, David Benoît, qui apparaît à l’écran et qui semble être, comme chez les flics, le gentil du duo. Un élève le fait d’ailleurs remarquer au passage. C’est un travail qui implique à la fois bien sûr les élèves, mais aussi leurs familles et les enseignants qui pratiquent cette méthode, comme Jérémie Fontanieu, et qui doivent consacrer un temps « de dingue » pour envoyer des SMS, y répondre et organiser pas mal de rencontres et de visioconférences. Il avait donc fallu obtenir du matériel vidéo pour que les élèves puissent avoir une caméra sur pied à disposition afin de donner leur avis sur ce travail et leurs progrès. On le voit bien dans ce film qui est le résultat d’une année scolaire de travail 2021-2022, en pleine épidémie de covid même si cela ne se remarque pas trop à part un ou deux masques par ci, par là.
Et le projet devient un vrai film
En 2022, c’est la rencontre avec la monteuse, Camille Delprat, qui va structurer ces images en un film. Puis, la rencontre avec la presse avide de rencontrer enfin des professeurs qui font des miracles au moment où leur métier rencontre les pires difficultés. En 2023, au vu du taux de réussite époustouflant au baccalauréat, la méthode s’impose presque partout en France à travers environ 200 professeurs impliqués. Pour une fois que quelque chose fonctionne enfin dans ces établissements scolaires si dénigrés, et parfois même par une ministre en exercice…, on ne peut que le souligner d’autant que le film est un excellent produit qui montre des élèves à la fois dignes et impliqués eux-mêmes, avec l’aide de leurs enseignants et de leurs parents, luttant contre la paresse et le doute. On se demande même pourquoi le ministère de l’Éducation nationale n’impose pas cette méthode qui est même parfois un peu trop idyllique. La fin du film en est d’ailleurs la parfaite démonstration à travers la fête de fin d’année où le spectateur va rencontrer à la fois les rires et les pleurs de tous ces élèves qu’on a suivis pendant un an et qui ont si bien progressé.
En guise de bilan
« Durant cette année scolaire 2019/2020 pendant laquelle le tournage a eu lieu, notre priorité David et moi était de faire notre travail d’enseignants et le film n’avait qu’une importance secondaire : l’urgence était que les élèves se mettent au travail et qu’ils avancent progressivement vers l’objectif difficile du 100% de réussite, déclare le réalisateur dans le dossier de presse du film. (…) À Drancy, pendant ce temps, la méthode continue d’être appliquée chaque année pour quelques dizaines de Terminale et environ 200 élèves de Seconde. Les anciens élèves, forts de l’expérience de réussite qu’ils ont vécue, se battent pour s’en sortir dans le monde d’adultes dont ils font maintenant partie : qu’ils soient en « prépa », en licence, en BTS ou ailleurs, qu’ils commencent à travailler après deux, trois ou cinq ans d’études, ils ont compris que leur existence leur appartenait et qu’à force d’efforts et de patience, ils pouvaient espérer obtenir ce dont ils rêvaient. » Et c’est cette réussite qui émerveille comme si on découvrait enfin que l’école n’est pas une usine et qu’il suffit de s’intéresser au cas par cas qu’il y a des réussites. Mais pour cela, il faut des moyens et de l’ardeur.