Des images magnifiques
En plein été de la grande sécheresse de 1976, en France, au beau milieu d’une campagne qui commence à pâtir de l’industrialisation de l’agriculture, un jeune garçon, Gus, est en train de quitter l’enfance alors qu’il assiste à l’éclatement du couple que forment ses parents. Ce film solaire, deuxième long métrage de fiction de la réalisatrice venue du théâtre et qui compte six films à son actif, nous brûle parce qu’il dénonce les malheurs de la vie, les ravages de la passion et l’implacable volonté de la nature contre laquelle on ne peut rien.
Magnifiquement mis en lumière et en images par Christophe Beaucarne, le film est servi par des acteurs d’une grande sensibilité, notamment Laetitia Casta au mieux de sa beauté dans le rôle d’une femme bouleversée par la rencontre avec l’amour féminin, Clémence Poésy, Thibaut Evrard et bien sûr Luc Bruchez, le jeune Gus, découvert dans un casting et qui fait ici sa première apparition à l’écran, bluffant de vérité et de pudeur, mais aussi de révolte devant le père, la famille et les injustices de la vie, ainsi que devant la rudesse du travail de la terre.
Un casting impeccable
On pourrait dire aussi que ce film est un bel hommage au monde paysan, qui tente de vivre et de s’épanouir dans ces années 70 qui ne savaient pas que les lendemains allaient déchanter à ce point. Du reste, la recherche autour des accessoires et des vêtements de ces années-là a été particulièrement bien menée pour parvenir à créer l’illusion du réalisme grâce aux décors d’Ivan Niclass et des costumes de Geneviève Maulini. Delphine Lehericey insiste sur tout ce travail collectif dans le dossier de presse du film : « Nous avons fait appel à notre propre nostalgie. Nous nous sommes souvenus des couleurs et des matières qui composaient le quotidien de notre jeunesse. Nous les avons ensuite appliquées sur les papiers peints, les intérieurs de la ferme et sur les objets que les personnages utilisent au quotidien. C’est aussi pour ça que nous avons tourné les extérieurs en pellicule, même si c’est un challenge supplémentaire. »
Un film mélancolique et puissant
Au final, un film d’une grande qualité esthétique qui se rapproche au plus près du roman de Roland Buti qui a inspiré le film, et dont les premiers mots, presque proustiens, annoncent l’ambiance même de ce film de belle facture. « C’était au mois de juin 1976. C’était le début des grandes vacances de mes treize ans. C’était l’année de la sécheresse. » Et c’est cette sécheresse qui pénètre nos cœurs pour tenter de les brûler, mais elle échoue à nous éteindre car ce film vibrant est un grand moment d’émotion à peine retenue.