Depuis qu’il a quitté le smoking de James Bond, Pierce Brosnan semble se réjouir à investir des rôles de crapules, d’hommes sans scrupules à la barbe naissante. Ce petit jeu de massacre rétrospectivement assez jouissif ne doit sans doute réjouir que lui : les films où il apparaît désormais passent beaucoup plus inaperçus que ses aventures bondiennes.
Et Le Chantage ne risque pas de changer la donne. A vrai dire, le film ressemble à s’y méprendre, dès les premières notes de sa musique standardisée, à un téléfilm « Hollywood night », sans le manque de moyens, et avec des stars en « pilotage automatique ». Il s’agit donc d’un thriller moralisateur de plus, dans la veine du désastreux Dérapage. Le récit met en scène un couple de bourgeois parfaitement caricatural, qui va se briser sous les coups d’un manipulateur implacable (Brosnan, donc). Ce maître-chanteur s’immisce littéralement dans leur vie lors d’une des scènes les plus involontairement hilarantes vues depuis longtemps.
S’ensuit une loghorrée de « péripéties » péniblement mises en scène, blindées d’artifices visuels (plans-séquences trafiqués, ralentis insistants) tentant de nous convaincre que toute cette histoire n’est qu’un gigantesque stratagème en trompe-l’œil.
Car oui, Le Chantage se veut être un film malin, en proposant non pas un, mais deux retournements de situation « impensables ». Pas question de dévoiler le pot aux roses, qui est toutefois représentatif de ce que cette série B finit par être : un navet prétentieux, incohérent et d’une gigantesque vacuité.