Lake Tahoe

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Un matin, Juan, jeune mexicain de 16 ans à la recherche d´un boîtier d´allumage pour son véhicule, croise un vieux mécanicien taciturne, un adolescent lunaire passionné de Kung Fu, et une jeune punk accroc aux pétards dont il tombe amoureux… Les différentes rencontres de cette journée vont lui permettre d´échapper à la dure réalité de son deuil.

Que dire de ce film très particulier ? Les longs plans fixes et larges, les fondus noirs, la rareté des dialogues entre les comédiens amateurs, et l’absence totale de musique en rebutera peut être quelque uns. Il suffit pourtant de se laisser porter et de s’armer d’un peu de patience pour apprécier ce long métrage filmé tel un roman photo, et dont le thème principal est la fuite. En effet, chaque personnage essaye de quitter un être qui lui est proche ; son enfant, ses parents, même le chien fuit son maître… Dans leur constante cavale, les protagonistes se croisent, se lient, s’aiment, se quittent parfois. Avec de longs silences, on peut exprimer beaucoup… Rien n’est simple, et tout est affaire d’interprétation. L’absence d’expression sur le visage de Juan, le silence complet qui enveloppe l’histoire, sans oublier les rues désertes de la ville de Puerto Progresso, créent un sentiment d’intimité avec les personnages de ce huis clos étouffant.

A l’image du réalisateur japonais Takeshi Kitano, Fernando Eimbcke utilise des plans fixes et larges afin de répondre aux besoins narratifs du drame. Ce procédé élimine le superflu, la caméra est uniquement au service de l’histoire et des personnages, tout en maintenant de la distance. Résultat : le spectateur n’est pas submergé instantanément par l’émotion, et c’est à la fin du film que les réponses émergent.
Tellement loin des codes du cinéma hollywoodiens et même européens, Lake Tahoe, film épuré, prend son temps pour détailler la complexité des sentiments, et c’est tout à son honneur.

Titre original : Te acuerdas de Lake Tahoe

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Durée : 83 mn


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