Laissez-moi

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Une femme élégante face au sacrifice.

Maxime Rappaz a travaillé dans le monde de la mode avant de se tourner vers le cinéma. En 2016, il obtient un master en cinéma et scénario, puis réalise deux courts-métrages, L’été et Tendresse. Laissez-moi est son premier long-métrage présenté à Cannes dans le cadre de l’ACID. Maxime Rappaz poursuit actuellement l’écriture de son deuxième long-métrage mais il nous offre avec ce film un moment d’élégance et d’érotisme raffiné. On dirait que le film est écrit et construit pour mettre en valeur Jeanne Balibar, parfaite dans ce rôle de mère dévouée auprès de son enfant handicapé mais qui rêve d’une rencontre durable avec un homme qui l’aimerait et l’accompagnerait.

Couturière à domicile, Claudine consacre sa vie à son fils, toujours élégante, discrète et laborieuse. Tous les mardis, elle s’accorde un répit en se rendant dans un hôtel de montagne où, grâce à l’aide d’un employé, elle rencontre des hommes de passage pour un moment d’amour. Jusqu’au jour où… On ne dévoilera pas la suite de ce petit film qui en dit long sur la condition féminine, mais aussi sur le dévouement et l’amour qui n’existe, selon Cocteau, que dans les preuves qu’on en donne. Magnifiquement interprété, notamment par Jeanne Balibar mais aussi Pierre-Antoine Dubey et le beau Thomas Sarbacher, le film est en plus magnifiquement écrit par Maxime Rappaz et photographié par Benoît Dervaux. C’est un film sur le sacrifice mais aussi sur l’acceptation de sa condition et de son devoir et cette oscillation est parfaitement rendue par l’actrice principale dont c’est sans doute la plus belle composition. Selon Viken Armenian, Julien Meunier et Emmanuelle Millet, cinéastes de l’ACID : « Jeanne Balibar incarne magistralement cette éclatante ambivalence, parfois comme traversée par le fantôme de Delphine Seyrig. La mise en scène de Maxime Rappaz, sensible et millimétrée, enveloppe l’actrice et travaille avec elle à nous faire ressentir la rigidité d’une vie construite comme un rempart, et la beauté de la fragilité qui survient. »

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Durée : 92 mn


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