La Femme sur la lune (Die Frau im Mond)

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Dernier film muet de Fritz Lang, La Femme sur la lune invite à une exploration du satellite ayant été l’objet de tant de fantasmes, de Jules Verne à Hergé en passant, bien entendu, par Méliès. Le film est scindé en deux parties, la première se déroulant sur Terre tandis que la seconde a lieu dans […]

Dernier film muet de Fritz Lang, La Femme sur la lune invite à une exploration du satellite ayant été l’objet de tant de fantasmes, de Jules Verne à Hergé en passant, bien entendu, par Méliès.

Le film est scindé en deux parties, la première se déroulant sur Terre tandis que la seconde a lieu dans une fusée et en plein décor lunaire. La Femme sur la lune dure plus de 2h30 et comporte un certain nombre de longueurs. Le début présente peu d’originalité. Il met d’abord en scène un professeur à l’allure négligée, autrefois victime de sarcasmes de la part de ses confrères en raison de son hypothèse sur la teneur en or des montagnes sur la lune. Puis vient un complot commandité par de riches personnes avides de s’emparer des ressources aurifères contenues sur le satellite. Cette première partie met en opposition l’attitude railleuse des scientifiques contre l’idéalisme des savants et dénonce la cupidité des êtres humains toujours prêts à recourir à des procédés douteux afin de posséder la plus grosse part du gâteau. Dès le début apparaît également un triangle amoureux, opposant les explorateurs lunaires, Helius et Windegger, tous deux amoureux de la belle Friede, seule femme de l’équipage. Les thèmes de la jalousie et la lâcheté y sont abordés mais de façon peu captivante.

Le long métrage peine à avancer mais son intérêt réside dans la préparation du voyage au-delà de la planète. Soucieux d’une véracité, le réalisateur a pris le temps de se documenter et s’est entouré de Hermann Oberth, lequel a joué un rôle dans les recherches sur le vol spatial. Le résultat est fascinant. Fritz Lang parvient à se dégager de l’exubérance pour atteindre une certaine authenticité bien que des incohérences demeurent. Le départ de la fusée dans un bassin pour cause de légèreté de l’engin est impressionnant. A l’eau viennent se mêler les feux puissants des réacteurs ; les innombrables compteurs et aiguilles de la machine connotent une exploration des plus fascinantes. De nombreux projecteurs illuminent le vaisseau en partance pour la lune pour que les regards éblouis d’une myriade de spectateurs s’y posent. Les préparatifs de l’odyssée lunaire génèrent une atmosphère euphorique sur terre que le réalisateur suggère parfaitement bien. Après l’envol, les voyageurs échouent dans un paysage lunaire fait de sable blanchi, de cavernes et de larves bouillonnantes suscitant fantasmes et rêverie.

Réalisé en 1929, c’est-à-dire 40 ans avant l’exploit d’Armstrong, La Femme sur la lune est un film très visionnaire. Malgré les défauts de longueurs, l’on se laisse emporter par les représentations de cet espace lointain et mystérieux qu’est la lune, à l’image de ce petit garçon en culotte courte, qui passe son temps à pousser les portes de l’onirisme en feuilletant ses SF serials dont les titres laissent un sourire sur le visage du spectateur ainsi qu’un regard empli de songes étoilés.

Titre original : Die Frau im Mond

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Durée : 156 mn


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